Deux ans après Inquisition Symphony, Apocalyptica connaît un changement à la fois mineur et très important dans le futur du goupe : Antero Manninen, un des membres fondateurs du groupes, quitte et est remplacé par le jeune Perttu Kivilaakso, lui aussi issu de la même académie que les autres membres. Un violoncelliste pour un violoncelliste ne fait pas une grande différence, on en conviendra, mais ce membre apportera pourtant dans le futur une énergie bien différente. C’est peut-être une des choses qui font que Cult est un album encore plus accompli que les deux précédents.
Outre un léger changement dans l’équipe, on note trois changements plus importants dans l’album : une majorité de composition (10 pistes écrites par Eicca Toppinen, contre 3 covers), l’ajout de quelques percussions, et l’apparition des premières chansons «commerciales». Abordons ces points un à la fois.
Apocalyptica laisse aller sa créativité beaucoup plus que par le passé, et certaines compositions sont de véritables bijoux, pouvant susciter plusieurs émotions différentes dans une même chanson (In Memoriam et Kaamos en sont d’excellents exemples, commençant de façon très lyrique, puis devenant soudain très agressifs). Certaines compositions sont très fortes, dont Path (si on veut, la pièce-phare de l’album), Romance et Hope, pour ne nommer que celles-ci. Sans jamais être vraiment métal (rappelons que ce ne sont que des violoncelles, sans distorsion), certaines pistes dégagent beaucoup de violence, dont Struggle et Hyperventilation. Malheureusement, les deux tiers des pièces de Cult ne survivront pas dans la mémoire du groupe et des fans, même si on a peu de mauvaises critiques à faire que la plupart des chansons de l’album à part qu’on retrouve souvent une énergie similaire sur différentes pistes.
Même les trois covers sont soigneusement choisis : encore deux chansons de Metallica, et une chanson classique, d’Edvard Grieg, un compositeur romantique norvégien. Cette dernière deviendra aussitôt une pièce culte (sans jeu de mots) du groupe, qui ne fera pratiquement aucun show sans la jouer. C’est d’ailleurs très souvent la toute dernière chanson. Hall of the Mountain King, clôturant l’album, est arrangée par Eicca Toppinen de telle façon à créer une certaine angoisse qui n’était pas présente dans la version originale (très bonne aussi, soit dit en passant). Puis un accélération vertigineuse pour finir en force. Rien de tel! Apocalyptica semble avoir trouvé sa formule gagnante sur ce coup. Les deux autres reprises, méritent aussi un petit détour. Until It Sleeps est arrangée de telle façon qu’on aurait de la difficulté à deviner qu’elle vient de Metallica si on ne connait pas bien la chanson originale. Elle est plus lyrique que l’originale et se laisser bien écouter. Quant à Fight Fire With Fire, on s’est donné le défi de mettre le feu aux cordes des instruments tellement l’archet allait frotter. Sans arriver à une version aussi forte que celle de Metallica, c’est une interprétation solide qu’offre Apocalyptica.
Sur plusieurs chansons, on l’entend facilement, même si c’est subtil : il y a de la percussion. Le groupe s’est résigné, probablement dans un esprit de transition vers ce qu’il deviendra dans les prochaines années, à ajouter quelques petites percussions, rien de chargé ni de complexe. Cela ajoute au rythme et complète bien l’énergie des violoncelles. Par contre, cela se rapproche plus des ensembles classiques que d’un band métal. Cela se pardonne parce que l’album n’en demeure pas moins excellent.
Le dernier point, positif pour certains et négatif pour les autres, est l’apparition des premières chansons, après la version deluxe de l’album. En effet, une collaboration avec la chanteuse Sandra Nasic de Guano Apes a amené la création de Path Vol.2, une version de Path avec la chanteuse qui ajoute ses paroles, tout simplement. Cela a ouvert les portes à Apocalyptica qui n’était, maintenant, plus considéré seulement comme un band d’instrumental. Le même procédé a été fait avec Hope, avec le chanteur Matthias Sayer des Farmer Boys. Cela a, évidemment, permis au groupe de se faire connaître en dehors du cercle très fermé de fans d’instrumental, mais cela en a rebuté plusieurs aussi. D’autant plus que les chansons ne sont que des versions avec paroles, sans autre modification. Cela rend le procédé moins naturel.
Quoi qu’il en soit, en trois albums, Apocalyptica n’a pas cessé de prendre de l’assurance et de s’approprier un style bien à lui. Cela nous plait grandement et nous permet d’oublier les rares défauts de Cult.
À écouter : Path, Romance, Hall of the Mountain King
8,3/10
Par Olivier Dénommée