Le chanteur de System of a Down s’est tourné dans la direction d’une carrière solo en 2007, offrant aux fans du groupe quelque chose à se mettre sous la dent. Sans être un copier-coller de SOAD, Serj Tankian utilise la formule gagnante d’alterner bouts doux et intenses, souvent dans une même chanson. C’est le cas dans des chansons comme The Unthinking Majority et Money.
L’artiste a pratiquement tout fait tout seul, s’entourant quand même de quelques personnes pour arriver au résultat final qu’on entend dans Elect the Dead. Le son, non loin de SOAD, marque tout de même la touche spéciale de Tankian, mais une personne distraite pourrait probablement ne pas faire la différence (sauf peut-être pour Lie Lie Lie)! Mais pour un fan de System, est-ce que cela dérange vraiment qu’il ne se démarque pas tant du groupe? Pas du tout! Il se permet seulement d’être, par moments, plus doux que le plus doux qu’allait System of a Down notamment en mettant des belles passes de piano plus ou moins longues. Et le style est légèrement plus lyrique vocalement aussi. Tout est dans la subtilité, et, après tout, ça marche plutôt bien.
Attention! Au tout début de l’album, vous avez une grosse seconde de préparation avant que ça commence vraiment, pas plus long. L’artiste n’hésite pas à surprendre. Et à travers toutes les chansons qui laissent supposer qu’elles seront relativement douces, on se laisse prendre par surprise. Jusqu’à la dernière piste, avec la chanson-titre Elect the Dead qui, du début à la fin, est douce et triste. Pourtant on l’écoute la première fois avec une crainte de l’entendre se mettre à crier sur un fond de blast beat. Mais non, l’album finit tout en douceur!
Au niveau des textes, le chanteur se montre très engagé, comme avec System of a Down. Empty Walls parle par exemple des attentats du 11 septembre 2001. Presque chaque texte, si on analyse bien les paroles, n’est pas qu’un ramassis de mots et veut vraiment dire quelque chose de profond si on se donne la peine de chercher. Mais si vous écoutez Serj Tankian pour sa musicalité seulement, vous devriez aussi y trouver votre compte à condition d’aimer cette ambiguïté entre rock alternatif et métal.
Au final, il est plutôt difficile de faire la critique d’Elect the Dead sans le comparer systématiquement aux chansons de System of a Down. C’est probablement la plus grand faiblesse de ce premier opus solo de Tankian : ne pas s’être assez détaché de son band avant de composer ses chansons. On a tendance à être plus sévère envers un «sixième SOAD» qu’envers un premier album d’un artiste solo. Mais dans tous les cas, Serj s’en tire assez bien.
À écouter : Saving Us, Honking Anteloppe, Elect the Dead
7,6/10
Par Olivier Dénommée