Reflections – Apocalyptica

Apocalyptica-ReflectionsSorti le 10 février 2003

Le groupe de violoncellistes métalleux Apocalyptica arrive en 2003 avec un nouvel album, et beaucoup de changements majeurs. Premièrement, le quatuor n’est plus qu’un trio, puisque Max Lilja, présent depuis les débuts, a quitté le groupe pour d’autres horizons. Deuxièmement, parce qu’on entend quelque chose de tout nouveau sur Reflections : de la batterie. Et pas n’importe laquelle! Dave Lombardo, batteur associé à Slayer, joue sur environ la moitié des morceaux de ce quatrième album. L’ajout de ce nouvel instrument donne maintenant une nouvelle tangente au groupe qui existe pourtant depuis 1993.

Quoi qu’on en dise, entendre du gros drum rend tout plus agressif et dynamique. Le groupe, pour continuer sa progression après son précédent album, n’avait plus le choix d’inclure cet instrument. Par chance, Apocalyptica s’est fait de nombreux amis sur la scène métal mondiale, et Dave Lombardo leur a tout bonnement proposé de les aider. Cette aide a été fort appréciée, et ce, même si le style d’Apocalyptica est bien différent de celui de Slayer. Un autre batteur, Sami Kuoppamäki, jouant habituellement plutôt du jazz, apportait une touche plus groovy que violente aux chansons où il participait.

Cela a aussi beaucoup changé la dynamique de composition d’Apocalyptica, qui doit prendre en compte l’énergie de la batterie qui sera dégagée d’une chanson à l’autre. Pour cette raison, même après trois albums d’expérience, Eicca Toppinen et son groupe ont dû reprendre au point de départ, mais s’en sont tout de même très bien tiré. L’album commence en force avec Prologue (Apprehension), très rapide, pour lancer un message clair : «on a un drum et on va l’utiliser!» La deuxième pièce a une énergie similaire, mais lorsqu’on arrive à Faraway, on se souvient qu’Apocalyptica est capable de jouer de belles choses, douces et mélodieuses. En plus de la batterie, on ose mettre d’autres instruments, dont un peu de piano qui introduit justement Faraway. La pièce a quelque chose de poignant, et lorsque l’énergie monte à la moitié de la pièce, on ne sent qu’encore plus l’intensité émotive qu’elle dégage. C’est vraiment une belle, très belle composition.

Si la version régulière de l’album est toujours sans paroles (on reviendra à la version deluxe plus tard), certaines compositions, dont Somewhere Around Nothing, donnent l’impression que des paroles ont été pensées. Le reste de l’album est, grosso modo, une alternance entre pièces rapides et intenses, et morceaux plus doux, sentimentaux. Et il y a Cortege, qui reprend la recette du précédent album de commencer doux pour ensuite jouer à toute vitesse et à toute puissance. Avec la batterie, ça marche bien. Notez que pour la première fois, tout est une composition originale d’Apocalyptica. La plupart des œuvres sont d’Eicca Toppinen, mais Perttu Kivilaakso en signe également trois.

Les pièces sont plutôt rafraîchissantes dans la mesure où enfin le groupe peut prétendre s’approcher un peu plus du métal, mais toutes ne sont pas aussi fortes que les compositions dans Cult par exemple. Drive, par exemple, pourrait éveiller de vagues souvenirs d’un roadtrip entre amis, mais probablement sans plus! Alors que d’autres, comme Cohkka, Conclusion et, bien entendu, Faraway, vont venir vous chercher au plus profond de vos tripes.

Aussi, après un Toreador peu populaire dans Inquisition Symphony, le deuxième album, Toppinen récidive avec Toreador II, heureusement beaucoup plus intéressant, et en plus avec de la trompette. Là, on se sent déjà plus dans le feu de l’action!

Maintenant, pour ce qui est d’un album deluxe, Apocalyptica a sorti plusieurs versions, selon les pays. En Amérique, on a droit à une US re-release qui contient 4 chansons de plus, dont Seemann (un cover de Rammstein, avec la chanteuse allemande Nina Hagen), ainsi que Faraway Vol. 2, mettant en vedette Linda Sundblad au chant. Même concept que sur le précédent album, on n’a fait qu’ajouter la voix sur la musique déjà composée, mais le résultat est déjà plus réussi que par le passé; peut-être que Faraway a été composée avec l’idée qu’une collaboration aurait lieu? La chanson est aussi émotive que l’originale, mais on un bon instrumental n’a pas besoin de paroles! Évidemment, c’est un effort pour avoir une plus grande visibilité que le groupe n’a pas vraiment eu le choix de prendre. Les deux morceaux de plus sont des démos. D’excellentes démos en plus (surtout Kellot, une autre pièce lente et assez émotive). Allez savoir pourquoi ils ne leur ont jamais donné une place à part entière sur un album. Par contre, les fans d’instrumental ne trouveront probablement pas si intéressante cette version étendue de l’album, donc se contenter de la régulière n’est pas une énorme perte.

Décidément, avec Reflections, on confirme ce qu’on a cru remarquer depuis plusieurs années : le groupe a beaucoup plus de succès avec des pièces lyriques et douces que des pièces rapides et punchées. Pas que celles qui figurent sur l’album ne sont pas bonnes, mais on dirait qu’elles ne peuvent pas venir nous chercher aussi efficacement. Et puis, après tout, à peu près tout est plus charmant avec du violoncelle!

À écouter : Faraway, Somewhere Around Nothing, Conclusion

7,8/10

Par Olivier Dénommée

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