Pourquoi Mononc’ Serge joues-tu du rock’n’roll – Mononc’ Serge

mononcSorti le 21 mai 2013

Après plusieurs années où son registre se situait entre le rock sale et le métal, Mononc’ Serge «s’adoucit» en revenant à un style acoustique. Ses paroles, en revanche, n’ont pas perdu de leur mordant et, une fois de plus, personne n’est épargné dans ce nouvel album solo. Les jeux de mots efficaces et les références d’actualité fusent de partout et on peut bien les savourer comme les paroles sont vraiment mises au premier plan.

Mononc’ joue une bonne partie de ses chansons seul, sinon il demande l’aide de son guitariste Peter Paul qui joue pour lui depuis plusieurs années de la «guitare toffe». Les chansons varient sensiblement dans le tempo et l’énergie dégagée, mais chaque chanson finit par se ressembler à cause de l’instrumentation extrêmement simpliste. Cela nous permet de nous concentrer uniquement à la «douce» voix de Mononc’ Serge. Il crie encore un peu à l’occasion, mais l’ambiance musicale ne s’y prête pas autant que l’époque où il jouait avec Anonymus par exemple.

Les sujets, nous y voilà : l’album Pourquoi Mononc’ Serge joues-tu du rock’n’roll traite notamment des raisons pour lesquelles il ne votera pas dans Je ne voterai pas, qui pourrait bien devenir le prochain hymne à l’inaction des futurs scrutins. Un peu comme La manifestation des Cowboys fringants était devenu un must dans chaque ligne de piquetage étudiante. Jeux de mots bien structurés, on n’a pas le choix d’admettre de le Mononc’ y a sérieusement pensé avant de l’enregistrer. Il explique aussi le véritable besoin des Québécois : avoir une bonne équipe de hockey qui pourra, enfin, gagner (Team qui gagne). Il a aussi une excellente chanson qui peut devenir un Bonjour la police (de RBO) plus subtil, Les cochons. La relation qu’on a avec cette autorité a bien changé, et aujourd’hui dès qu’on fait un peu de vitesse, on se dit tous quelque chose comme «Faut pas qu’les cochons m’pognent».

Dans un registre presque sérieux, La fin du monde explique pourquoi on serait dus pour tous mourir et recommencer la planète à zéro. Serge Robert fait de l’humour noir, mais dans chaque blague il y a un peu de vrai… Enfin, après cette remise en question de 2 minutes 30, on parle de l’empire Québecor dans Péladeau, qui est plus imposant que ce que vous pouvez croire. Ce genre de flèche lancée à Pierre Karl Péladeau et ses entreprises est audacieuse, surtout que Distribution Select y est nommée; notez que Select fait la distribution de la grande majorité des disques québécois. Comme quoi vraiment personne n’est épargné par l’artiste à la voix de lendemain de veille permanent. La chanson Rendez-vous mou lance des piques sur l’ensemble des tounes quétaines québécoises des années 1980. Une référence n’attend pas l’autre et on se rend compte à quel point les «le beige» a occupé de l’espace dans nos radios, et en occupe encore aujourd’hui. Belle critique, avec chaque mot bien amené. Dans Groupies, Mononc’ parle aussi de l’importance des groupies dans l’existence même de la musique. Moins vulgaire qu’une de ses anciennes chansons, Pas pire, c’est donc un peu mieux amené, alors pourquoi pas?

Bref, l’ensemble de Mononc’ Serge pourquoi joues-tu du rock’n’roll est une grosse critique sociale, où justement les paroles peuvent prendre toute la place comme la musique se fait plus discrète. Il y a plusieurs références à l’actualité récente dans ses textes, ce qui laisse se demander si certaines chansons auront encore le même mordant dans quelques années. À part ça, pas de doute, Mononc’ Serge a visé dans le mille. Un excellent album qui arrachera un sourire à certains et fera réfléchir les autres.

À écouter : Les cochons, Péladeau, Rendez-vous mou

8/10

Par Olivier Dénommée

(Modifié le 17 juin 2013)

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