4e album de la chanteuse de jazz Madeleine Peyroux, Half the Perfect World est, heureusement, loin d’être imparfait. Les compositions, en bonne partie originales, mettent en valeur un jazz très bluesy, et juste assez vintage. Madeleine Peyroux ne se cache pas d’apprécier le son de l’avant-guerre et on n’a pas de difficulté à le croire. On a donc droit à de la musique plus «vieille», mais au goût du jour.
Les chansons sont plutôt douces et mettent de l’avant la voix, subtilement rauque, de la chanteuse. L’instrumentation derrière elle est assez standard, solide sans être virtuose. Et tout sonne très bien ensemble. En fait, l’album s’écoute tout seul et l’artiste parvient aisément à s’approprier chaque chanson, que ce soit une de ses compositions ou des covers d’autres artistes comme Tom Waits ou Anjani Thomas et Leonard Cohen pour ne nommer que ceux-ci. Notons la présente de La Javanaise, rappelant que la chanteuse américaine a aussi grandi auprès des Français. On a aussi droit à une chanson au style très proche de la berceuse avec Once In a While.
Chaque chanson contribue à l’ambiance, tout en subtilité, et vous vous surprendrez que l’album soit déjà terminé à la fin, sans que vous vous en soyez rendu compte. Son ton de voix très intimiste ajoute une touche intéressante. Madeleine Peyroux a donc tout mis en œuvre pour offrir un produit bien léché, qui coule comme de l’eau et qui se laisse bien écouter. Elle ne réinvente évidemment pas la roue, jouant un jazz plutôt discret qui a connu son apogée il y a plusieurs décennies, mais elle maîtrise parfaitement ce qu’elle fait, et c’est ce qui compte.
L’album est donc à se procurer si vous projetez avoir une musique dans un cocktail, mais les connaisseurs de bon jazz devraient aussi ajouter Half the Perfect World à leur collection. Il ne manque que plus de compositions de l’artiste pour montrer qu’elle écrire de nouvelles choses aussi bien que réarranger des chansons existantes.
À écouter : Blue Alert, River, Once In a While
7,9/10
Par Olivier Dénommée