Le troisième album de Tool a pris plus que jamais auparavant le virage progressif. De nombreuses rumeurs circulent sur Lateralus. En fait, initialement, le band aurait fait croire à un autre nom et à des titres différents. Plusieurs médias auraient mordu à l’hameçon. C’est donc pour se rappeler que l’on doit s’attendre à tout de la part d’un band comme Tool. Une autre rumeur stipule que le label du groupe leur a imposé une limite de 79 minutes pour l’album. Finalement, il en dure 78 et 58 secondes. Voilà un groupe qui tient à utiliser chaque seconde à son plein potentiel.
Lâchons les rumeurs et allons dans le concret. Il suffit de regarder la longueur de chaque chanson pour deviner que plusieurs font office d’interlude ou encore d’introduction à la suivante (exemple évident : Parabol pour Parabola). Les chansons sont souvent lentes à vraiment démarrer; on instaure une ambiance avant de se lancer dans un son qui devient toujours de plus en plus lourd à mesure que la chanson avance. Les chansons (excluons les interludes) ne durent jamais en bas de 6 minutes et atteignent jusqu’à plus de 11 minutes. Donc, vous vous en doutez, il y a beaucoup de matériel à digérer. Cela fait en sorte que Lateralus n’est peut-être pas l’album par excellence pour écouter distraitement. Au contraire, il est tellement chargé et complexe qu’il prend une attention optimale pour au moins les premières écoutes, qui seront par moment laborieuses. En effet, avec les interludes qui sont parfois plus longues qu’une chanson pop moyenne et les ambiances qui peuvent varier considérablement sur une même chanson, on peut s’y perdre un peu. En même temps, Tool fait sa fierté de ne jamais produire des chansons prémâchées.
Le groupe commençait subtilement à prendre une tournure plus métal, et cet album demeure dans cette lignée. Mais surtout, c’est le côté progressif qui domine. Les riffs dans Schism par exemple sont d’une grande efficacité tout en étant difficiles à jouer de la même façon que les musiciens. Danny Carey à la batterie fait aussi un travail de chef avec ses beats extrêmement puissants et carrément inimitables par moments (la fin de Schism, ouf!). La chanson titre, Lateralus, se fait très «douce» pendant une importance partie de la chanson. Puis la machine embarque en même temps, pour un son lourd et puissant, ne laissant personne indifférent sur son passage.
Quant aux agaces-chansons, valent-elles la peine? Pour vivre l’expérience Lateralus à fond, oui. Mais si vous voulez réécouter vos chansons favorites, elles seront clairement de trop. Parabol, par exemple, dure pas moins de 3 minutes, pour mettre une ambiance presque de recueillement, puis une montée soudaine en intensité nous balance Parabola en pleine gueule, où la groove ne manque pas. Les thématiques dans les paroles surprennent aussi. Il y a quand même beaucoup de thèmes rattachés de près ou de loin à la religion à travers l’album complet.
En tant que tout, l’album Lateralus est génial. En tant que chansons individuelles, elles n’accrochent pas automatiquement et sont loin d’être toutes aussi fortes. Notons également que l’album se termine sur Faap de Oaid, un son de radio qui «griche» sur quelqu’un la voix de quelqu’un qui panique. Puis fin de l’album sur un zap. On peut donc se dire que l’album n’est clairement pas adressé à un public très large. Il n’en est pas moins très solide et semble meilleur à chaque écoute. Par contre, ne le mettez pas en lecture aléatoire avant d’avoir enlevé environ la moitié des chansons préalablement.
À écouter : Schism, Parabola, Ticks & Leeches
8/10
Par Olivier Dénommée