C’est officiel : avec son 5e album, Appeal to Reason, le band punk-rock Rise Against fait son entrée dans le mainstream. Exit les chansons gueulardes et très rapides que le groupe tenait encore à mettre en début d’album malgré son penchant vers les voix plus claires et les riffs plus mélodiques. Cette fois, le band assume son identité plus rock que punk et cela ne fait pas de tort, sauf peut-être aux fans de la première heure qui ont perdu quelque chose. Désolé pour eux.
Pour les autres, on a droit ici à un album qui regroupe tous les meilleurs éléments de Rise Against. Des riffs toujours aussi solides (faits par le nouveau guitariste Zack Blair), des lignes vocales plus mélodiques avec quelques back vocals efficaces et un équilibre qui nous assure de ne pas faire trop le saut tout au long de l’album. C’est donc assurément l’opus qui est, de loin, le plus accessible que Rise Against ait produit, juste assez punk pour ne pas être complètement dénaturé, mais assez rock pour atteindre un public plus large que jamais. On note aussi la présence d’une chanson douce, Hero of War, dans un style similaire à Swing Life Away de l’album Siren Song of the Counter Culture. Par contre, cette chanson a une saveur politique beaucoup plus sérieuse que si on se fie uniquement à la musique.
Justement, parlons rapidement des paroles. Le groupe a bien pris de la maturité, à travers ses nombreux albums. Cela se sent dans Appeal to Reason, où beaucoup de textes parlent, à différents degrés, de dénonciations politiques et d’injustice sociale. Rassurez-vous, il est parfaitement possible d’écouter et d’apprécier pleinement cet album même si vous n’êtes pas un activiste. Mais le côté engagé du band n’est pas un côté à négliger. En plus, c’est fait de façon agréable à écouter, sans avoir à crier ses messages comme cela avait pu être le cas par le passé.
Finalement, il est difficile de nier que le groupe a pris un virage pleinement assumé dans le mainstream (pour ne pas dire commercial), mais c’est fait avec classe et on reconnaît encore très bien le band qui nous avait donné beaucoup d’indices lors de ses deux précédents albums, et surtout The Sufferer and the Witness. Cela donne donc au groupe une visibilité infiniment plus grande que juste ses singles qui avaient déjà une sonorité plus accessible. Il n’avait donc guère le choix s’il ne voulait pas demeurer indéfiniment dans un entre-deux.
À écouter : Re-Education (Through Labor), Hero of War, Savior
8/10
Par Olivier Dénommée