Peu de temps après l’émergence des grands bands de thrash métal des années 1980, Nuclear Assault fait son apparition, avec des anciens membres d’Anthrax qui ont décidé d’aller dans une direction plus agressive. C’est dans cet esprit que Dan Lilker (basse) et John Connelly (voix et guitare) ont fondé le groupe deux ans avant de sortir un album intitulé Game Over. La musique est agressive, mais jamais autant que les prouesses vocales du chanteur, qui sont plutôt… agressantes.
Les premières mesures de Live, Suffer, Die donnent déjà une bonne idée de l’intensité musicale de l’album. Beaucoup de doubles pédales, des gros riffs lourds, et un son juste assez cacane. Il ne manque que la voix, qui fait son entrée dès Sin. Déjà, on comprend que la mélodie n’est pas la force de Connelly. Mais pour le style, ça a un certain impact. On a affaire à quelque chose de crade mais qui rentre dedans; c’était vraisemblablement ce à quoi aspirait le band. Le solo de guitare, en revanche, est très bien réalisé et nous confirme qu’on n’écoute pas (tout à fait) n’importe quoi. Ce pattern, il se répète souvent dans l’album. Cold Steel, Betrayal ou encore Radiation Sickness, les chansons vous marqueront par un riff efficace, une voix désagréable, et un solo bref mais puissant. C’est la signature Nuclear Assault.
Le premier «manquement» à cette règle est la brève interlude Hang the Pope, qui nous suggère pendant 46 secondes de quelle façon on pourrait pendre le pape. Cela montre déjà un côté différent du groupe, qui se fait pourtant aussi brutal que sur ses autres titres, mais qui le fait tellement exagérément vite qu’on n’a pas le choix de comprendre que ce n’est pas aussi sérieux. After the Holocaust revient dans l’énergie plus conventionnelle de l’album Game Over, mais ce retour est de courte durée, puisqu’il est suivi par Mr. Softee Theme. Pour ceux qui ne connaissent pas, Mr. Softee est une compagnie de crème glacée très populaire aux États-Unis il y a de cela plus de 30 ans. Nuclear Assault a donc décidé de faire le thème de façon brutale? Non, même pas. La musique garde son innocence et sa douceur intacte; on ne touche pas à ça! Les membres du groupe ont tout de même des valeurs, après tout.
Les prochains titres reviennent au style propre au band. Le riff de Nuclear War au début est plus «doux» que la moyenne, mais est tout aussi efficace. Il se démarque dans l’album pour cette raison. Dernière interlude de l’album : My America, qui se passe de commentaires. Passons immédiatement au dernier titre, Brain Death, qui est la plus longue compo de l’album avec plus de 7 minutes. On touche à une large palette d’émotions, notamment avec une partie de guitare acoustique.
Les thématiques (sérieuses) de Nuclear Assault sont similaires à celles des autres groupes du même courant. Ça ne va pas bien dans le monde, et Game Over comme nom d’album est aussi évocateur. Le problème, c’est que ça demande une certaine dose de courage pour écouter les paroles soigneusement, d’autant plus qu’elles ne sont pas toujours clairement exprimées. L’album ne passera que difficilement à l’histoire – pourtant en 2005, il se trouvait en bonne position dans la liste des 500 meilleurs albums de rock ou métal de tous les temps du magazine Rock Hard. Il s’adresse donc à un public très averti, mais peut encore charmer ceux qui n’écoutent pas le métal pour ses voix.
À écouter : Betrayal, After the Holocaust, Nuclear War
5,2/10
Par Olivier Dénommée