Après un excellent premier album (Funeral), le band indie-rock Arcade Fire avait une certaine pression pour son second opus. Il a choisi le concept d’allier les thèmes de la religion et la consommation sur fond plutôt sombre avec Neon Bible. On va donc ailleurs, mais on y reconnaît déjà la signature Arcade Fire.
Avant d’analyser l’album, il est intéressant de savoir que la majeure partie de l’enregistrement a été fait dans une église que le band a achetée et rénovée. De plus, certains enregistrements font appels à des musiciens supplémentaires, pour donner à l’album un son plus riche, plus travaillé. Ceci étant dit, cela fait aussi un album lourd à assimiler à la première écoute, mais qui s’apprécie de plus en plus à chaque fois.
C’est Black Mirror qui met le coup d’envoi. Plutôt sombre, la chanson donne une bonne idée de ce qui attend l’auditeur. C’est aussi assez discret dans la première partie, avant d’exploser en deuxième moitié. De la harpe et des violons viennent donner un coup de pouce au band. Keep the Car Running suit juste après. Plus énergique et léger que Black Mirror, un petit quelque chose peut sembler familier dans la chanson. Peut-être ses sonorités qui rappellent vaguement celles de Coldplay?
Neon Bible, pièce-titre de l’album, a été composée en une nuit et enregistrée le lendemain. C’est très sobre (outre quelques cordes) et ça marche. Intervention qui suit met particulièrement de l’avant l’orgue, qui entre fréquemment en compétition avec les guitares. Sans parler des chœurs et de la mélodie en soi qui rentre au poste. Black Wave/Bad Vibration change complètement d’ambiance. Très sombre, lourd, avec Régine Chassagne au micro pour la première partie, qui chante en grande partie en français. La situation change drastiquement lorsque Win Butler revient en poste, pour une ambiance plus agréable quoique toujours lourde.
Arcade Fire nous offre une ballade douce et plutôt sobre avec Ocean of Noise. Cela fait un sacré contraste avec la chanson précédente, mais cela se prend très bien. The Well and the Lighthouse, puis (Antichrist Television Blues), nous ramènent ensuite dans une énergie alliant le bon vieux rock’n’roll au son très indie dont le band a le secret. De retour vers quelque chose de plus sombre, Windowsill prend le relai. Toutes ces chansons sonnent bien, mais n’impressionnent pas autant l’oreille que d’autres titres plus forts, notamment en début d’album. La seconde moitié de l’opus met-elle en scène des compositions moins fortes?
Pas tout à fait, comme No Cars Go, une des compositions les plus solides de Neon Bible vient enfin. Indie-rock à souhait, avec des mélodies simples mais extrêmement efficaces (et même des Hey! bien placés qui deviendront une norme dans le monde indie-folk dans les prochaines années). Ajoutons à cela la présence d’un chœur militaire et tout y est. La chanson dure 5 minutes 43, mais pas une seconde n’est de trop. My Body Is a Cage conclut l’album sobrement et sombrement, afin de boucler la boucle. L’orgue est une fois de plus prédominant.
Bref, Arcade Fire a su une fois de plus impressionner l’auditoire assoiffé de bonne musique indie. Il a pris une direction généralement plus sombre que dans son précédent album, mais s’est assez bien assumé, surtout en première moitié d’album. Seule faiblesse de l’album, une seconde moitié qui a légèrement moins de mordant et de surprises à offrir.
À écouter : Keep the Car Running, Intervention, No Cars Go
8,5/10
Par Olivier Dénommée