Le pianiste François Bourassa est un des grands du jazz contemporain au Québec. Avec son quatuor, formé de Guy Boisvert à la contrebasse, André Leroux au sax et Philippe Melanson à la batterie, il offre à son public un album très audacieux, intitulé Idiosyncrasie. Pour la signification du nom, Google est votre ami!
L’esthétique musicale de François Bourassa et ses musiciens rappellent de nombreux grands noms du jazz, comme Chick Corea ou Brad Mehldau. Ils ont opté ici pour un concept qui éclate la structure musicale pour gagner en liberté. Ce ne sera alors pas facile à suivre pour les non initiés, mais tellement formateurs pour les amateurs! Les pièces sont très longues (plus de 6 minutes) sauf Suite Allemande : Franz Muller, qui se situe dans les 3 minutes.
Chaque composition joue dans des sonorités et des énergies multiples. Impossible de les résumer aisément. Par exemple, pendant quelques secondes on peut avoir droit à une ballade jazz au piano, puis ensuite on tombe dans un bebop extrêmement rapide, puis la minute après tout devient sombre et lourd musicalement. François Bourassa nous amène là où il veut et ne nous demande pas la permission! Ainsi, certains segments vous toucheront beaucoup et vous serez peut-être déçus de voir que cette musicalité ne dure pas plus de quelques trop brèves minutes! Ou alors vous apprécierez l’audace et l’imagination de François Bourassa.
Il offre tout de même des compositions plus constantes et plus douces à l’oreille. Ses plus tranquilles sont Suite Allemande : Franz Muller, Offrandes, ainsi que la première moitié de Chiller Night, avant d’exploser de nouveau. Notez que deux de ces trois pièces apparaissent vers la fin de l’album.
Une des pièces très impressionnantes du quatuor, c’est celle qui termine cet album, Chant du Ptit Gny. En vedette, on imite des sons qui sont, nous pouvons le supposer, celui du «p’tit gny» en question. On l’imite notamment avec les sons de sax et des autres instruments, mais surtout par les voix. C’est plutôt divertissant mais ce n’est évidemment pas la pièce la plus musicale de l’album.
Bien entendu, ce ne sont pas tous les musiciens de jazz qui aspirent à être appréciés par le grand public. Même si le François Bourassa Quartet a intégré beaucoup d’éléments plus mélodiques et faciles d’écoute dans l’album Idiosyncrasie, cela n’en reste pas moins une œuvre qui vise avant tout un public averti.
À écouter : Suite Allemande : Saucisse à la Berg, Suite Allemande : Franz Muller, Offrandes
7,3/10
Par Olivier Dénommée