Sorti en 1996 / Réédité le 20 juillet 2004
Le compositeur et pianiste Ludovico Einaudi est très connu, surtout en Europe, pour ses nombreuses bandes sonores. Il s’est cependant aussi lancé dans la création d’albums où seule son imagination était sa contrainte. Cela a donné un premier album solo, Le Onde. Il se serait cependant ouvertement inspiré du roman The Waves par l’écrivaine Virginia Woolf.
Une citation du compositeur dit qu’en composant l’album, il ne voyait qu’une énorme plage, sans début, sans fin, qui s’étirait à perte de vue. L’heure que dure l’album est, en quelque sorte, sa ballade sur cette plage. Plusieurs émotions y passent, mais cette promenade semble, somme toute, assez positive pour le compositeur! Cela donne des musiques très simples harmoniquement, où c’est la mélodie qui guide le tout du début à la fin. C’est terriblement efficace. Notez également que sur cet album, il est seul avec son piano.
Passons rapidement l’album en revue : Le Onde a droit à une petite introduction, basée sur une vieille composition écrite il y a 500 ans, Canzone popolare (1500 ca), que le compositeur a légèrement adapté. Puis vient sa chanson-titre Le onde, qui vise droit dans le mille de nos émotions. On passe à quelque chose de plus sombre, plus mélancolique avec Ombre.
On a aussi droit à des bouts plus agités. Par exemple, La linea scura se fait très active dans les notes jouées à la main gauche. L’ambiance devient plus tendue plus la pièce avance, mais elle devient ensuite plus «résolue» à l’approche de la fin. Comme une remise en question soudaine qui a duré 5 minutes dans la marche sur la fameuse plage fictive.
Questa notte offre, quant à elle, une progression simple mais toujours efficace. Un peu comme La linea scura mais en plus intense, les notes défilent rapidement à partir de moitié de l’œuvre. Cela ajoute évidemment aux tensions que Ludovico Einaudi a voulu créer. Dans le registre des compositions tendues, Dietro l’incanto, du moins au début, ne laisse pas sa place. Cela change assez rapidement pour quelque chose de plus «romantique». Attention! Ces deux énergies s’alternent sur ce titre, alors ne soyez pas surpris lors des changements.
La pièce Onde corte apporte une énergie qui inspire vaguement une musique intrépide. On peut presque sentir la brise et le sable froid devant le coucher de soleil. Cette énergie revient à la mélancolie avec La profondità del buio, mais fait aussitôt son retour à quelque chose de plus assuré avec Passaggio. Et l’aventure se terminera sur L’ultima volta, qui sonne bien comme une rétrospective. Ce voyage en a-t-il valu la peine? Où aller ensuite? Que de questions, mais la réponse finale vous appartient.
On a affaire ici à un très bel album, riche dans sa simplicité, avec comme seules armes, un piano, des de l’inspiration. Ludovico Einaudi sait viser juste et sait diriger ses auditeurs dans des ambiances des plus variées. Évidemment, pour l’apprécier pleinement, il faut adorer la musique pianistique, puis avoir envie d’écouter une musique qui poste à réfléchir sur soi. Parce oui, Le Onde vous invite indirectement à réfléchir sur vous pendant une heure en bonne compagnie musicale.
À écouter : Le onde, Ombre, Onde corte
8,3/10
Par Olivier Dénommée