C’pas près d’changer – Les Chiens de Ruelles

Chiens de ruellesSorti le 17 mars 2014

Le band montréalais Les Chiens de Ruelles mise sur une énergie festive et acoustique, jumelée à des sujets engagés. C’est du moins ce qu’on entend sur le second opus du sextet, C’pas près d’changer, qui navigue grosso modo entre la musique folk, bluegrass et blues-country.

Le band a été très généreux avec l’album, offrant une cinquantaine de minutes de musique en 15 pistes (officiellement 14, avec une toune cachée à la fin). L’enregistrement est de qualité mais le jeu semble plus proche d’un band de garage qui joue dans les bars (ce qui n’est pas tout à fait faux). Ainsi, il faut tout d’abord analyser l’approche des Chiens de Ruelles.

Festival du toxico démarre l’opus, mettant en vedette dès les premières secondes l’harmonica, instrument clairement très prisé par le band. Musicalement, ça s’écoute bien et vocalement, on entend que le chanteur n’a pas une technique à tout casser, mais il apporte sa touche à la musique, donnant un peu l’impression qu’on a affaire à un conteur avec de la musique derrière.

Dès Monde de fous, on augmente la cadence, montrant une forte influence gypsy. Au niveau des paroles, on dénote des références d’actualité politique. Notamment, le clin d’œil à «On se donne le go», qui nous rappelle une certaine campagne électorale… Dans la même veine, notons la pièce titre C’pas près d’changer.

Dans un registre plus léger, Roadtrip nous enseigne dans quelles régions il y a le moins de monde à la messe. Et Si j’avais du cash semble nous rappeler le message de Passe-moé la puck des Colocs, avec une (étrange) finale avec la mélodie du Petit renne au nez rouge (écoutez et vous comprendrez).

La chanson Langue sale est accrocheuse pour diverses raisons. Le solo d’harmonica est irrésistible, mais aussi le reste de la musique qui est terriblement entraînant et le refrain, simple mais qui dit parfaitement ce qu’il a à dire. La ligne vocale est aussi impressionnante. Très solide milieu d’album ici.

Il faut arriver à Suicide involontaire pour tomber sur une chanson plus triste. L’intro lente change vraiment le mood, mais Les Chiens de Ruelles ne peuvent pas rester doux pendant de longues minutes! Le sujet demeure tout de même plus émotif sans devenir déprimant, sauf peut-être à l’approche de la fin.

On explore un côté hip-hop inattendu du band sur N. 5. Même après plusieurs écoutes, difficile de dire si j’apprécie cette chanson ou non. Chose certaine, elle fait très différent du reste de l’opus. Notez la référence à la fameuse Matricule 728 et à Claude Poirier, nous rappelant qu’en tout temps, le band demeure engagé. Il est aussi mention d’une évasion spectaculaire en hélicoptère… un autre sujet brûlant d’actualité au moment d’écrire ces lignes (cependant, l’événement s’est passé après l’écriture de la chanson).

L’album se poursuit sur une énergie toujours festive avec des sujets comme l’argent (Payslip, Odeur de fric), l’alcool (Mon ch’val, Y fait soif!). La «dernière» chanson, Mon Cartier, parle du quartier du chanteur où des itinérants et prostituées ont disparu. Le tout sur une musique énergique, mais un ton dans la voix très dramatique, et des paroles encore plus intenses. C’est en fait la toune cachée qui aura le dernier mot de l’album sur une note, disons-le, plus free. Mais Les Chiens de Ruelles se sont amusés, pas de doute là.

Pour résumer l’album C’pas près d’changer, il semble que l’affirmation du titre fait autant référence à la situation de la société qu’au style du band. En effet, faire autant de pistes pour cet album nous assomme légèrement de ce style, certes festif, mais surtout très présent pendant trois quarts d’heure. C’est le genre de musique à écouter à petite dose à moins de rechercher une alternative aux Colocs et à Bernard Adamus.

À écouter : Roadtrip, Langue sale, Y fait soif!

6,8/10

Par Olivier Dénommée

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