Tous les médias sont unanimes là-dessus : le show gratuit donné par Woodkid en ouverture du 35e Festival international de jazz de Montréal était mystérieux et majestueux. Du moins, c’est l’avis des journalistes qui ont eu droit aux bonnes places. Car tout au plus, quelques milliers de festivaliers ont eu l’occasion de «vivre» ce show comme il aurait dû être vécu. Enfin, Critique de salon était à ce show avec les personnes moyennes, ce qui a ajouté une dimension légèrement différente à l’expérience. Voici 6 choses que plusieurs personnes auront remarqué :
6) Peu importe de quelle grandeur est Woodkid en vrai, il était minuscule ce soir-là. Heureusement, les caméras le zoomaient un peu, ce qui était la seule possibilité de ne pas voir un tout petit bonhomme bouger des bras pendant une heure et demie au loin, lui-même entouré d’autres petits bonshommes.
5) Pendant les (nombreux) moments où on n’entendait rien de la prestation parce des gens jasaient autour (car oui, des gens considéraient que le show de Woodkid était une bonne occasion pour se parler de la vie à voix haute de la vie pendant toute la durée du spectacle), j’ai réalisé que je n’ai jamais vu sur scène autant de trombonistes en même temps. Même les big bands de jazz et les orchestres symphoniques en ont moins que Woodkid. Ce type doit être considéré un héros par tous les trombonistes, ces musiciens malaimés. BONUS : Une citation du compositeur classique Richard Strauss qui aurait dit «Ne regardez jamais les trombones, vous allez seulement les encourager».
4) Beaucoup qui auront passé une mauvaise soirée auront maudit le fait que le FIJM est rendu trop mainstream et trop populaire pour qu’on puisse respirer dans des événements de cet envergure. Et puis, depuis quand TOUT LE MONDE semble triper sur le jazz juste le temps d’une soirée alors que deux heures après, 70% de ces personnes ignoreront toujours qui est Ornette Coleman ou penseront que Take Five est la vieille version d’un High Five. Bref, ce genre de pensées a pu traverser bien des esprits pendant que les gens jouaient du coude pour essayer de voir quelque chose.
3) Coïncidence très troublante, j’ai pu personnellement croiser une dizaine de sosies de Woodkid. Ou plutôt, j’ai croisé une dizaine de dudes avec une grosse casquette, cheveux rasés et barbe complète noire tenue courte. Soit le look de Woodkid est très populaire, soit les hipsters commencent à manquer d’inspiration pour arriver à vraiment se démarquer. Vers 21h35, alors que le show n’était toujours pas commencé, j’ai sérieusement évoqué la possibilité que le chanteur était parmi nous, dans la foule, et qu’il devait lui-même jouer du coude pour arriver à se frayer un chemin sur scène et donner son show. Heureusement que ce n’était pas le cas, car les sosies qui essayaient d’avancer avec moi auraient peut-être atteint la scène vers 10h45, en travaillant très fort.
2) Une remarque des plus évidentes : pour intégrer l’équipe de Woodkid sur scène, on doit leur poser une question avant toutes les autres… «Êtes-vous épileptique?» Les jeux de lumière étaient certes épatants, mais les stroboscopes ont dû en mettre plusieurs à l’épreuve. Remarquez, ça aurait été drôle qu’un nouveau qui n’avait jamais vu ce que ça donnait avec les éclairages faisait une crise d’épilepsie, on aurait probablement cru que ses mouvements faisaient partie d’une chorégraphie endiablée et théâtrale à souhait. Avec les ambulanciers qui arrivent sur la scène et tout, ça aurait donné toute une tangente au show, pas vrai?
1) Ce show de Woodkid m’a permis de découvrir un truc pour reconnaître un Français de France avec une efficacité presque infaillible. Suivez la fumée de cigarette et regardez qui tient sa clope de façon trop nonchalante, comme si c’était encore à la mode de fumer au Québec. Car on va se le dire, ici, ça commence à faire un bout que les fumeurs n’ont plus la cote et ils ont tendance à se faire plus discret. Mais ceux que j’ai croisés au show, ils prenaient même plaisir à souffler leur fumée au niveau du visage de leurs voisins (genre moi). À moins que ce soit une autre fabuleuse coïncidence, tous ceux qui fumaient de cette façon autour de avaient cet accent français qui ne trompe pas.
Sur une note plus sérieuse, il faut retenir une chose de ces shows : on est tous là pour écouter un bon show, passer un bon moment pendant un des festivals les plus importants de la planète, qui attirent des gens de partout dans le monde. Il suffit de quelques personnes pour gâcher un moment, mais si on fait tous un effort pour rendre l’ambiance agréable, elle le sera pour tout le monde. Que ce soit le fait de jaser de sa fin de semaine pendant un bout vraiment important de la meilleure chanson de l’artiste, jeter des déchets partout, prendre trop de place parce vous voulez garder votre bulle, ce sont des choses qu’il faut arrêter de voir. Pour passer un bon moment, tout est dans le respect. On ne parle de ça que dans les manifestations, mais c’est probablement encore plus applicable dans des événements comme des spectacles gratuits extérieurs comme celui-ci. Mais dans les médias, on ne parlera que de ce qui s’est passé sur scène sauf si une personne mourait dans l’assistance, sinon ce n’est pas intéressant.
Paix, amour, et bon festival de jazz!