La formation électro-jazz Misteur Valaire est bien installée depuis quelques années dans le paysage québécois. Les 5 gars originaires de Sherbrooke mais maintenant à Montréal ont voulu se lancer un projet parallèle, entièrement électronique, avec un set-up plus minimaliste et une liberté de prendre une direction un peu différente de ce qu’ils pouvaient faire en tant que Misteur Valaire. Ce side project s’est appelé Qualité Motel et un premier album en est né en 2012, Motel Califorña.
Même si Qualité Motel prend une direction plus «minimaliste» que ce qu’offre Misteur Valaire, c’est probablement un petit plus de déjà connaître et apprécier le band original. Parce que cela reste les mêmes musiciens, avec la même complicité et le même humour. Beaucoup de collaborations se font entendre, principalement des chanteurs pour mettre des paroles sur ces nouvelles compositions. Au nombre de grands noms qui y apparaissent, on comprend tout de suite qu’on n’a pas affaire à n’importe qui.
La vibe de l’album Motel Califorña est énergique à souhait. Dès les premières secondes de Full of Crime, mettant en vedette Fanny Bloom qui chante en anglais, on est fixés. Même si ce n’est pas la meilleure chanson de l’album, elle donne déjà un bon indicatif afin de savoir si vous allez aimer Qualité Motel ou non.
Attachez-vous bien pour la suite, car le band semble décidé à répandre son nom de la façon la moins subtile possible. Dans Le Qualité Motel (ft. Beni BBQ) on répète ces mots environ 35 fois en 2 minutes 39, et une bonne proportion des chansons mentionnent le Qualité Motel à divers moments. Pas de doute, le band est fier de son nom et n’a pas peur de le montrer. Ajoutons à cela la chanson-titre, Motel Califorña dans la même veine.
Après une overdose «motelière», on a droit à une des compos les plus marquantes de l’album : En selle, Gretel, mettant en vedette Yann Perreau et Elisapie Isaac. Une chanson qui se veut clairement épicurienne voire assez sexuelle dans son contenu sans jamais tomber dans le mauvais goût. Autre morceau mémorable pour son énergie dégagée, Arabesque et indécence (ft. Usetowork) parle de la passion de la danse (avec, encore, une twist légèrement sexuelle) et arrivera même à faire bouger quelques-uns des plus récalcitrants à l’idée.
Au fil des collaborations, arrive à dégager les énergies qu’ont voulu créer les gars de Qualité Motel. À moitié pop, à moitié hip-hop, cela reste tout de même léger du début à la fin, avec quelques pièces instrumentales (Motel Engineer et Wija’s in tha House (ft. Wija)) qui arrivent à passer comme des interludes musicales, tellement elles sont isolées entre un paquet de chansons avec paroles.
Ajoutons d’autres belles collaborations comme celle de Stefie Shock et Amélie Glenn sur Vol de nuit ou encore Luis Clavis et Mitsou sur Honey Cruller. Dans un registre plus hip-hop, on a droit à Diamond Feet avec James ’’Q-Pid’’ Di Salvio. Et on garde Karim Ouellet pour la fin sur Je vous salue Marie, avec une finale légère avec, tout de même, du vitriol et du sucre en poudre au menu.
Probablement le seul moment moins agréable de l’album : lorsque Socalled crie à répétition le titre de la chanson Piscine/Pool de plus en plus agressivement. Sinon, tout se laisse parfaitement écouter du début à la fin malgré l’insistance des mots «Qualité Motel». Cela donne un album agréable, très bien réalisé par des gars qui savent parfaitement ce qu’ils font. Les collaborations sont bien faites, autant en anglais qu’en français, et il sera difficile de ne pas se sentir requinqué après un tel album. Même si je préfère le style Misteur Valaire, il faut dire que Qualité Motel ne laisse pas sa place non plus et se défend très, très bien. Souhaitons que le quintette aie encore envie de faire de la nouvelle musique sous le nom Qualité Motel dans le futur, car ce son a beaucoup de potentiel entre leurs mains.
Vous pouvez écouter l’album au complet sur la page Bandcamp de Qualité Motel.
À écouter : En selle Gretel, Arabesque et indécence, Honey Cruller
8,3/10
Par Olivier Dénommée