En entendant la musique des Deuxluxes, il est facile d’imaginer un band complet qui fait du rock’n’roll de garage. Pourtant il s’agit simplement d’un duo montréalais, composé d’Étienne Barry et Anna Frances Meyers. La formation a sorti un premier EP, intitulé Traitement Deuxluxe, qui donne déjà un bon aperçu des nombreuses influences des Deuxluxes.
La chanson-titre Traitement Deuxluxe nous introduit avec une pièce à la Black Keys à l’univers du band. C’est aussi la pièce la plus chargée, puisqu’on y entend un drummer invité (Alix Trigger) et de la basse (par le producteur Francis Duchesne). La signature Deuxluxes n’en est pas moins instantanée : des guitares bien présentes et une ligne vocale rauque mais puissante par Anne Frances Meyers. Ajoutons à cela des paroles qui vendent assez bien l’offre du «traitement Deuluxe», et ça fait une très belle carte de visite pour ce jeune band qu’on aime notamment comparer aux White Stripes.
Mais déjà, on nous amène ailleurs avec On the Road. Une musique avec le vent dans les cheveux inclus. Une pièce groovy, avec beaucoup de guitare et beaucoup de back vocals. Le cachet de On the Road est résolument rétro et on se laisse malgré nous prendre au jeu.
Le EP contient deux reprises. La première est Funnel of Love, popularisée par Wanda Jackson. Une chanson déjà très belle, mais joliment reprise par le duo. Une version qui vient nous hanter, et probablement la pièce la plus marquante de l’opus.
Ne vous méprenez pas, I’m in Love qui suit n’a rien à avoir avec la précédente chanson. On revient avec une rythmique énergique comme sur On the Road, avec une ambiance plus Far West, avec une voix plus rauque que jamais avec quelques cris bien placés. Ce genre de cris est souvent désagréable, mais Les Deuxluxes arrivent si bien à le justifier qu’il ajoute plutôt à l’énergie.
Les deux dernières pistes de l’album nous envoient dans un registre relativement plus lent. Turn the Heat Up offre une première moitié très bluesy, avant de revenir à quelque chose de plus énergique pour la seconde portion. Mais Tell Heaven (composée Earl Malone et Theo Wade) va plutôt rester dans un registre particulièrement émotif. Une bonne finale en douceur, mais une chanson plus énergique aurait permis de boucler la boucle et de finir Traitement Deuxluxe sur un boost d’énergie.
Pour un premier EP autoproduit, il faut dire que Les Deuxluxes s’en sont très bien tirés. Le talent est là, l’énergie aussi. Les chansons, même avec un effectif réduit, ne manquent pratiquement de rien. Un son cru qui séduira bien un public qui en a assez de trop d’enrobage dans la musique populaire. Par contre, on sent que le duo en offre un petit peu plus dans les chansons rapides que dans les pièces plus lentes (à l’exception de Funnel of Love). Cela reste un opus agréable à écouter et réécouter, surtout l’été.
L’album complet se retrouve sur la page Bandcamp de la formation. Il reste aussi des copies physiques à acheter… faites vite car elles sont presque toutes écoulées!
À écouter : On the Road, Funnel of Love, I’m In Love
7,8/10
Par Olivier Dénommée