Avec son deuxième album, la formation montréalaise Eugène et le Cheval semble déjà avoir ses concepts. Le premier opus portait le nom Plantes carnivores et autres mécanismes de défense, mais celui-ci s’appelle plutôt Pertes de mémoire et autres mécanismes de défense. Le band n’a pas peur d’aller dans le rock indie et alternatif, avec une petite dose d’expérimentations. On retrouve d’ailleurs plusieurs belles idées dans ce second album.
Je dois d’abord faire une confidence : je ne m’attendais pas à autant de sérieux dans la musique. Celle-ci est, comme décrit par le band, tantôt dense, tantôt plus épurée, mais l’énergie musicale de la formation est à la fois solide et diversifiée, pour le plaisir de tous ceux qui apprécient le genre. Par contre, les prouesses vocales sont loin d’être aussi efficaces sur une bonne partie des chansons.
L’album de 10 chansons débute avec La mémoire. La mise en place musicale est impeccable, mais après 30 secondes de bonne musique indie instrumentale, la voix entre en jeu. Une voix pas tant sur la note et pas tant mélodique; cela contraste avec les mélodies très présentes à la guitare. Au moins, la ligne vocale est plus intéressante sur Foam et sur La ruche, qui suivent. La ruche est d’ailleurs la première chanson de l’album à jouer dans un tempo un peu plus lent, ce qui est très bien réussi ici. Par contre, Invincible, aussi une pièce lente, revient à une ligne vocale incertaine, et un abus de synthés qui auraient pu être un peu baissés au mixage.
Ils ne sont pas les premiers et ne seront pas les derniers à le faire, mais Clémentine rappelle certains éléments des Black Keys, notamment les riffs de guitare plus blues et la batterie très présente. Par contre, la ligne vocale plus space et les synthétiseurs très présents nous rappelleront bien vite qu’on a vraiment affaire à Eugène et le Cheval. Les chaises aussi rappellent quelque chose… cette fois cela se rapproche de 3 gars su’l sofa. Une musique catchy avec des paroles plus ou moins cohérentes, le tout chanté en chœur. C’est d’ailleurs la chanson la plus courte, avec moins de 2 minutes.
Dommage que la voix de La capsule ne soit pas prise plus au sérieux durant le refrain, parce que sa musique est solide, avec des très bonnes idées musicales et un mixage impeccable. Le verre mérite mention pour sa musique psychédélique très envoutante. Ici la voix réussit à ajouter à l’ambiance au lieu de la gâcher, ce qui est un gros plus. Même que l’album finit sur une bonne note avec Les fraises. Après plusieurs écoutes j’ai réalisé qu’elle me rappelait une version plus rock de Le cœur en téflon de Louis-Jean Cormier.
Bref, Pertes de mémoire et autres mécanismes de défense est un bon album, bien composé et plutôt bien joué. Le gros bémol de l’opus est, évidemment, la voix, en apparence bâclée sur plusieurs titres. Cela peut prendre quelques écoutes pour apprivoiser cette voix, mais après, c’est plus facile d’apprécier les qualités musicales de l’album, tout de même nombreuses.
Vous pourrez retrouver l’album sur la page Bandcamp du groupe.
À écouter : Foam, Les chaises, Les fraises
7,4/10
Par Olivier Dénommée