Trois ans ce sont écoulés depuis la parution de Sunny Side Up, premier album en carrière de Joseph Manuel Da Rocha. Mieux connu sous le pseudonyme Slow Joe, il nous revient avec son deuxième opus intitulé Lost for Love. Accompagné par son groupe de fidèles musiciens appelé The Ginger Accident, le chanteur nous présente un enregistrement de haut calibre par sa production impressionnante et soignée.
Cédric de la Chapelle, à qui l’on doit la découverte du chanteur, réalise l’album tout en assurant la guitare, les chœurs et le bouzouki. Le jeune homme a fait la rencontre inattendue de Joseph en 2007 alors qu’il était en visite sur la côte de Goa en Inde. À ce moment, Slow Joe était guide touristique, à des milles d’une carrière musicale. Cette coïncidence chamboula complètement sa vie.
À l’âge de 71 ans, Slow Joe chante avec force et rigueur. Avec sa voix émouvante, il nous transporte dans un monde vertigineux et éclectique, aux nombreuses références musicales. Dès la première écoute de You Don’t Have to Tell Me, on perçoit un mélange de Lou Reed et Nick Cave. La voix est grave, solennelle et envoûtante. Le voyage se poursuit sur The Mulberry Bush et Gimme no Direction où soudainement, Slow Joe prend des airs de Jim Morrison. Son groupe The Ginger Accident adopte aussi ce style à la The Doors, en utilisant l’orgue, l’Arp Odyssey et le Mellotron. Sur la pièce Waters of Loneliness, on peut apprécier le plein potentiel de sa voix. Performant seul avec comme unique trame l’accordéon qui l’accompagne, cette ambiance intimiste nous permet de ressentir à merveille la solitude, le vieillissement et l’écrasant poids des années dans son timbre de voix. Toutefois, son côté «crooner» se dévoile sur la pièce Cover me Over, qui ressemble exagérément à It’s a Man’s Man’s Man’s World de James Brown.
Le côté orchestral avec l’ajout de violons, cuivres et cithare donne une profondeur et une maturité aux chansons de l’album. L’ouverture cinématographique à la Bollywood de la pièce Hum Diya fait un joli clin d’œil aux origines indiennes de l’artiste.
Lost for Love est un album complet et plaisant à écouter grâce à une réalisation exemplaire de Cédric de la Chapelle et une signature musicale diversifiée. Malgré son âge avancé, Slow Joe ne montre aucun signe de fatigue. Son vécu et ses souffrances se ressentent à merveille sur cet enregistrement qui, on l’espère, ne sera pas son dernier. À découvrir.
À écouter: Waters of Loneliness, You Don’t Have to Tell Me, The Mulberry Bush
8,1/10
Par Ragoo