Boundary est peut-être un nom de projet plus ou moins connu, mais si on dit que c’est Poirier qui se cache derrière, soudainement tout devient plus clair. Pourtant, Boundary est loin, très loin des beats auxquels le DJ nous a habitués. Au contraire, le projet se veut minimaliste et ambiant.
Rodinia débute lentement l’album Still Life. Peut-être trop lentement en fait. On a droit à des bruits de percussions légères pendant trois minutes et demie. Et outre une augmentation progressive de volume, il ne se passe pas grand-chose de plus. Cela prend Rosemont pour avoir une mélodie, sur une ambiance un peu mystérieuse déjà plus réussie.
Vient ensuite Villes infinies, qui porte plutôt bien son nom. On entend très clairement l’infinité, mais cela ne rend malheureusement pas la piste plus excitante. Frontera non plus, avec ses bruits vaguement agressants. Los Angeles 2019, avec ses sombres bruits futuristes, laisse croire à un bien mauvais futur pour la métropole américaine.
Une des pistes plus chargées de l’album est Royaum, où on ajoute des sons de cuivres. Ambiance encore lugubre, mais déjà plus intéressante à entendre. Yamuna Expressway mélange diverses ambiances. Du mystère par-ci, des sons graves non identifiés par-là. Et un peu de futurisme vers la fin. Attention à Moebius, une longueur de 7 minutes où il ne se passe à peu près rien. À part quelques bruits de basses fréquences, on fait à peu près le même avertissement pour White Mountains.
Fractal se prend bien. Une ligne mélodique de synthés, même répétitive, n’était décidément pas du luxe. Puis on retombe dans le néant relatif avec Ocean. Ce qui existe, en finale, est probablement ce qu’il y a de plus accessible sur l’opus Still Life, avec ses sonorités auxquelles les Bonobo de ce monde ont habitué leurs fans.
Boundary se voulait un prétexte pour permettre à Poirier de sortir de sa zone de confort (et son auditoire aussi par la même occasion). Mission accomplie, pas de doute ici. Par contre, même après plusieurs écoutes, il est difficile de savoir où la musique va. Certains parlent de zen, en version électronique. La musique zen se veut relaxante, alors que le vide dans cette musique se fait plutôt tendue. En tout cas, sur certaines tracks, pas de doute qu’il y a un véritable travail et réflexion qui a été fait, mais ce n’est pas toujours aussi évident pour une oreille non avertie.
Certaines critiques ont crié au génie en entendant l’album Still Life. J’ai beau écouter et réécouter, je n’entend malheureusement rien qui ait changé ma vie. Mais tant mieux si certaines personnes apprécient les qualités certainement nombreuses mais très subtiles que l’album a à offrir.
L’album se trouve en intégralité pour écoute sur SoundCloud.
À écouter : Yamuna Expressway, Fractal, Ce qui existe
4,5/10
Par Olivier Dénommée