Bien entourée, avec le pianiste Burt De Villiers comme père et le saxophoniste Rémi Bolduc comme amoureux, Chantal De Villiers sait où elle s’en va. La compositrice affectionne particulièrement le sax ténor et mélange le jazz à des influences soul/funk. D’où son album Funky Princess, où on croit aussi entendre les influences des grands saxophonistes comme Stan Getz et Dexter Gordon.
Dès Groovy Step, on se lance dans des rythmes latins, qui reviendront d’ailleurs régulièrement au fil de l’opus (notamment sur Piggy’s Dance). Rythmic Song, juste après, s’adoucit déjà un peu, pour offrir quelque chose de plus mélodique et de plus senti.
À The Shadow of your Smile (de Johnny Mandel), on tombe dans la ballade jazz. Outre que l’enregistrement semble mixé un peu moins fort que les autres pièces, celle-ci laisse bien émerger l’émotion lancée par le sax de Chantal de Villiers. La pièce-titre Funky Princess s’ensuit, avec la première groove soul assumée de l’opus. Pour l’occasion, on nous ajoute d’autres saxophones pour remettre du poids. C’est très réussi et le seul choix douteux de la composition est probablement de faire dire «Funky Princess» (deux fois!) par le contrebassiste.
Co-composé par Chantal de Villiers et Rémi Bolduc, 1930 se veut une belle œuvre où les deux saxophones se répondent. C’est doux, mais pas trop, et chaque note est à sa place. La piste dure 7 minutes, mais elle s’écoute toute seule. Si vous doutiez encore de l’influence de Dexter Gordon, sa composition Panther a été reprise par le band. En revanche, on offre ici une version beaucoup plus moderne, avec un son plus rond aussi.
Les deux dernières compositions de l’opus sont tirées du répertoire de papa De Villiers. Halo’s Above vient faire concurrence à The Shadow of your Smile pour le titre de la ballade la plus efficace de l’opus. Et le début de Smoky Moon rappellera automatiquement le thème de la Pink Panther.
L’album, lorsqu’il est écouté en musique de fond, coule doucement et remplira pleinement son mandat. Les compositions et interprétations sont bien senties, offrant un bon mélange de jazz, de funk et de latin; juste assez de tout pour ne pas nous saturer les oreilles. Lorsque l’opus Funky Princess est écouté avec des oreilles de jazzmen, il semble pourtant encore manquer quelque chose, peut-être un ingrédient qui fait la différence entre un bon enregistrement et quelque chose qui passera à l’histoire pour son audace et son avant-gardisme.
À écouter : Rythmic Song, 1930, Halo’s Above
7,6/10
Par Olivier Dénommée