Dans leur précédent album, Transit, la pianiste Emie R Roussel et ses acolytes Dominic Cloutier (batterie) et Nicolas Bédard (basse et contrebasse) ont fait affaire avec un quatuor à cordes, mélangeant jazz à des influences plus classiques. Cette fois, le Emie R Roussel Trio revient tout simplement à sa formation de base, poussant un côté plus RnB dans ses compositions. Cela donne Quantum, un troisième album rythmé et bien inspiré qui s’écoute tout seul.
Snooze part en fusée, avec la pianiste qui montre immédiatement son talent pour jouer beaucoup de notes sans qu’une soit de trop. Ses musiciens se joignent peu après à elle. C’est surtout dans les solos que ça explose, avant de finalement revenir à quelque chose de plus doux pour finir. Mais ce n’est qu’à partir de la pièce-titre Quantum qu’on reconnaît la groove RnB. Cette pièce de 8 minutes en profite pour nous faire voyager entre diverses énergies, où chaque instrument a son moment de gloire. D’ailleurs, chapeau un solide solo de basse eux deux tiers, qui n’en en fait juste assez pour montrer son talent sans surenchérir. Après 7 minutes, on réalise que la piste contient aussi une interlude ambiante d’une minute. L’album contient, au total, quatre interludes comme celle-ci. Bien que je ne suis pas à 100% convaincu que c’était la meilleure idée de les greffer à une piste au lieu de les mettre sur une piste différente, elles ont le mérite de nous apporter une énergie un peu différente, faisant le pont d’une vibe à l’autre.
Club rappelle, sur certains aspects, le thème de Kerning City dans le jeu Maple Story, en version plus laid back et surtout plus léchée et plus organique. Ipomee, juste après, offre un beau compromis entre mélodie et technique.
Les deux saisons offre un début doux à tendance ballade, qui durera aussi longtemps que nos printemps québécois, c’est-à-dire 20 secondes. Puis déjà on va vers quelque chose de plus groovy. Encore dans un registre relativement léger, Funambule se montrera encore plus efficace. Surtout avec le solo vertigineux et terriblement enlevant dans la seconde moitié de la compo. Même l’interlude à la fin est une réussite, s’assumant enfin dans la douceur ambiante pendant une minute et demie. Douceur qui se poursuit finalement sur Marée haute pour n’exploser qu’à la toute fin.
Le problème après des bonnes musiques, c’est que les suivantes passent souvent inaperçues. U-Turn sera vite oubliée et De loin et de près, la finale de l’album, offre un beau beat funky qui aura pourtant de la difficulté à se démarquer.
L’album Quantum du Emie R Roussel Trio marque une belle évolution, où on sent surtout la cohésion entre les membres. Sans sortir des sentiers battus, on exploite bien le genre et on mélange, tout naturellement, des rythmes entraînants, des mélodies accrocheuses et une technique musicale solide.
À écouter : Club, Funambule, Marée haute
7,8/10
Par Olivier Dénommée