Chanteuse et actrice, la Française Luce a attiré l’attention en 2010 avec un premier album à tendance burlesque. Cinq ans après, elle revient, transformée, avec un style beaucoup plus éclectique et particulièrement absurde dans ses textes. D’ailleurs le style adopté dans le livret de l’album Chaud rappelle un peu le kitsch de Magnum de Philippe Katerine, maître de l’absurde de l’Hexagone…
Si le style de Katerine a réussi à intéresser quelques Québécois, l’absurde français semble ne pas réussir à nous convaincre si facilement. L’humour de Luce, un tantinet plus subtil, souffre du même problème. Des textes pop qui ne se prennent pas au sérieux, mais qui n’arrivent pas nécessairement à nous accrocher si efficacement.
Malibu démarre l’album, avec une synthpop rétro pourtant entraînante. C’est à l’arrivée de la chanteuse que cela se corse. Des prononciations forcées pour arriver à des rimes en irritera plus d’un. Et l’accent français qui nous saute aux oreilles n’aide probablement pas. Heureusement, l’album n’est pas aussi irritant que Malibu.
Let’s go, par exemple, nous ramène au style de Georges Brassens, avec une formule toute simple de guitare-voix (et un bruit de trompette en arrière-plan), qui marche finalement assez bien, avec un propos assez comique qui se conclut simplement avec un «T’es nul» qui en fera sourire quelques-uns. On arrive même à pardonner le one-two-three à la française (ouane-tou-tri) qui sera répété à quelques reprises. Dans ma maman et Sable (qui clôturera d’ailleurs l’album) adopteront aussi un style similaire, en plus lent.
Probablement un héritage de son précédent opus, Polka se veut semi-sensuel dans la musique (qui n’est, au passage, pas une polka), avec un propos lui aussi semi-sensuel. Petite parenthèse : la chanson est encore plus drôle lorsqu’on connaît quelqu’un qui porte un des noms qu’on y entend. Tous des pervers, semble croire Luce.
La seule chose qui ressort de M’attends pas, ce sont les NON répétés durant la chanson. Même s’il y a quelques bons éléments, notamment la musique, ils resteront malheureusement pas en tête. Dans Chat doux, juste après, l’ambiguïté des paroles jumelée à une musique étrangement trop énergique et à un refrain particulièrement désagréable (des miaous rythmés) donne un résultat… mitigé.
On s’adoucit beaucoup avec Vernis. Cela fait beaucoup de bien et le propos passe aussi mieux dans ce cas-ci. Ton crâne qui suit ne retient pas particulièrement l’attention, jusqu’au dernier tiers où le mot-clé devient «négatif», répété aux deux secondes…
Le feu au cul et Chaussures ont quelque chose en commun : les deux ont des paroles qui feront sourciller. Chaussures a, au moins le mérite d’être assez imagée et d’avoir une musique rétro assez entraînante.
Il semble évident que l’album Chaud et le style de Luce en général s’adresse en premier lieu à un public français amateur d’absurde. Les idées musicales arrivent à transcender les frontières sans trop de mal, mais pour le chant, c’est une autre histoire.
À écouter : Let’s go, Polka, Sable
5,6/10
Par Olivier Dénommée