Ilé – Omar Sosa

OMAR_SOSA_iléSorti le 10 mars 2015

Originaire de Cuba, Omar Sosa est un vieux routier de la musique afro-cubaine. Voulant rendre hommage à ses racines tout en poursuivant son évolution, il propose Ilé, voulant dire «terre natale», là d’où il vient. Ce retour aux sources est combiné à l’ajout de sonorités résolument contemporaines. Cela donne un mix assez particulier, mais loin d’être méchant à l’oreille.

A Love Lost, qui débute l’opus, est un parfait exemple de ce métissage : une chanson atmosphérique et lente, où se mélangent de subtils rythmes latins et une ligne vocale en spoken word par Kokayi. À 4U, en revanche, on revient à l’instrumental, avec quelque chose de moins éclectique. Une belle mélodie au piano, doucement appuyée par le reste du Quarteto AfroCubano.

Première chanson plus rythmée de l’album : Mentiras Enemigas («mensonges ennemis»). La technique est impressionnante, mais elle semble un tantinet trop nerveuse pour être agréable à suivre. Trop de syncopes tue peut-être la syncope ici. Elle contient quand même une portion moins chargée au milieu, plus amicale à l’oreille, qui permet d’apprécier les chants. D Vuelta («le retour») revient à la douceur de 4U, mais avec des voix féminines.

Plus ambiant, Old Afro A Baba met de l’avant la voix et les rythmes traditionnels… du moins jusqu’au second tiers, où s’entame un build-up où s’ajoutent le hip-hop et l’énergie jazz-rock. L’énergie change à quelques reprises à travers cette chanson de plus de sept minutes. Autre pièce rythmée, Dame La Luz («donne-moi de la lumière»), porte bien son nom, avec une vague rafraîchissante. La flûte fait la différence ici pour apporter ce rayon de soleil musical. Sad Meeting sonne plus mystérieux (avec son ambiance feutrée) que «triste». Ambiance réussie, mais pas assez de développements pour sa durée de plus de cinq minutes…

Les deux pistes suivantes, La Tarde et Mi Conga, nous replongent encore dans les rythmes latins plus vigoureux, avec un certain succès (surtout sur Mi Conga, assez dansant). Puis vient, en clôture, A Love Lost Reprise. On y reprend l’air, mais sans le côté hip-hop, en faisant une finale douce.

Particularité de l’album : il contient beaucoup d’interludes de plusieurs minutes (la plus longue est de quatre minutes), qui mélangent les sons traditionnels de Cuba et une ligne (pas toujours tout à fait une mélodie) de saxophone soprano. Ces pistes s’appellent toutes Momento (de I à IV) et la plus réussie est probablement Momento II.

Omar Sosa, pour cet album, a bien réussi son pari de mélanger sa formation jazz à ses racines cubaines. Il aurait peut-être même pu pousser son métissage encore plus loin, comme on a eu un album assez constant, outre les différences de tempos et quelques pièces plus «corsées». Il ne manque pas de matériel pour faire un autre album sur le même thème, si jamais le pianiste souhaite reprendre cette avenue. Et puis de l’afro-cubain bien dosé, ça ne se prend jamais mal.

À écouter : A Love Lost, 4U, Dame La Luz

7,7/10

Par Olivier Dénommée

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