
Par Olivier Dénommée
I Musici de Montréal nous a habitués à des interprétations riches de pièces autant des registres classique que contemporain. Pour l’occasion du concert Le jeune homme et la vie, on a plutôt offert le jumelage impressionnant de la musique classique à la littérature.
Pour l’occasion, le «soliste» est nul autre que le comédien Renaud Paradis, surtout connu du grand public pour son rôle de Laurent Trudeau dans L’auberge du chien noir. Seulement deux pièces sont jouées lors de ce concert, mais elles sont très substantielles : une composition de Nicolas Gilbert, contemporain qui est aussi romancier, et une des œuvres-phares de Schubert, le quatuor à cordes surnommé «La jeune fille et la mort».
Commandée par I Musici, Au tout dernier instant a été présentée devant public pour la toute première fois le 26 mars dernier, lors de la première représentation de cette brève série de concerts. Mêlant une musique tendue et à fleur de peau à des textes poétiques qui portent à réfléchir, le thème de la mort est bien présent. Cela n’empêche pas quelques bouts plus doux, moins difficiles à digérer pour les oreilles. Renaud Paradis y narre avec intensité et a même le dernier mot : «J’ai froid.»

La première mondiale a eu lieu devant le compositeur, qui a expliqué le contexte particulier. «J’écris le matin et je joue de la musique l’après-midi, je ne mélange normalement jamais les deux. Alors j’ai dû composer cela vers midi environ», a-t-il blagué devant l’audience de la Chapelle historique du Bon-Pasteur.
Dans un terrain plus connu, l’œuvre de Schubert, décédé à l’âge de 31 ans, représente son sentiment, alors qu’il savait que sa mort approchait, mais aussi une certaine forme d’espoir. C’est ce mélange bien particulier qu’on retrouve dans «La jeune fille et la mort». À l’origine pour quatuor à cordes, le chef d’orchestre Jean-Marie Zeitouni a arrangé le tout pour les besoins de I Musici, offrant une version particulièrement chargée en émotions. De plus, entre chaque mouvement, Renaud Paradis lisait des poèmes, de Guillaume Apollinaire.
L’exécution lors de la première représentation semblait impeccable. Le seul point négatif venait du public. En fin d’hiver, il semble que bien des personnes étaient malades et ont miné la fin de la représentation en toussant à tour de rôle, et pas nécessairement de façon très subtile.
Il reste encore quelques représentations : le 27 mars à 11h et à 17h45, mais aussi le 28 mars à 14h. N’hésitez pas à obtenir plus de détails ici. C’est à ne pas manquer si vous êtes amoureux de classique, mais aussi de littérature. Il est si rare qu’on arrive à rejoindre ces deux univers de façon aussi naturelle.