Ludovico Einaudi, figure de plus en plus connue dans le monde des musiques de film et dans celui de la musique contemporaine minimaliste, change de registre pour son Taranta Project : le projet est en fait joué par un impressionnant collectif qui mélangent allègrement musique du monde, sonorités électroniques et bien sûr un côté classique. Einaudi y joue ici un rôle plus limité, jouant certes le piano, mais étant surtout derrière les arrangements et la direction du band.
Lorsqu’il compose une pièce, on reconnaît rapidement ses mélodies simples et envoûtantes. C’est le cas avec Introductio Ad Regnum Tarantulae, première pièce de l’opus, une pièce qui nous donne l’impression de nous envoler, et de survoler les paysages à grande vitesse. Le genre de musique où on sent presque la brise nous caresser le visage.
On passe rapidement à un autre registre, avec Taranta. Coécrite avec Mauro Durante, cette chanson (avec voix) met de l’avant des rythmes plus chargés en intensité. Les percussions, les guitares… tout vient contribuer à cette lourdeur tout en conservant une énergie souriante. Il est bon de savoir que la musique à laquelle on rend hommage à travers l’album est celle du Salento (la région qui est représentée par le talon de la «botte» italienne), où se sont mélangées diverses influences, jusqu’en Afrique et au Moyen-Orient. Surtout, cette musique se veut chargée d’espoir, pour mieux chasser les maux qui hantent le monde. Cela remet en perspective les plusieurs titres de l’album qui sont tirées du répertoire populaire, comme Fimmene, Nazzu Nazzu, Mamma la Rondinella, Ferma Zitella ou encore Santu Paulu.
Cependant, si vous êtes déjà fans de Ludovico Einaudi, vous aurez un faible pour ses compositions, aisément reconnaissables, comme Choros. Plus tendue et mystérieuse que la plupart des pistes de l’album, elle est d’une redoutable efficacité, avec un dernier tiers qui revient un peu à la même énergie de Introductio Ad Regnum Tarantulae. Einaudi ne semble généralement pas aussi à l’aise avec des voix, mais Mamma la Rondinella et Santu Paulu/Finale font exception, avec des arrangements puissants qui mettent en valeur la ligne mélodique.
Intéressante dualité dans Preludio/Nar I-Seher : la première partie étant de Einaudi, l’autre de Mercan Dede. Ainsi, on débute avec une intro au piano, puis des sons arabisants s’ajoutent au fur et à mesure, créant un crescendo jusqu’à la fin de la pièce.
Les nostalgiques de l’album Una Mattina se souviendront de Nuvole bianche. On retrouve cette pièce d’Einaudi ici, en version piano-voix. Une fin d’album émotive à donner des frissons.
Bien que l’album est très facile à écouter, plusieurs écoutes attentives seront nécessaires pour bien apprivoiser les subtilités des arrangements du Tatanta Project. C’est surtout qu’on n’a pas l’habitude de l’entendre dans ce registre, qui ne lui va justement pas mal du tout. Comme mentionné plus haut, il a su mettre en valeur quelques lignes vocales dans l’album, mais pas toutes. Comme quoi, même les vétérans comme Einaudi doivent sortir parfois de leur zone de confort! Cela reste une sortie rafraîchissante qui arrive à point pour la belle saison.
À écouter : Introductio Ad Regnum Tarantulae, Mamma la Rondinella, Nuvole bianche
8,6/10
Par Olivier Dénommée