Maintenant âgé de 66 ans, le chanteur de variété française Alain Chamfort lance un quatorzième album studio, où il s’est clairement amusé. Il fait ici dans la chanson tantôt pop légère, tantôt carrément électro-pop avec comme point central ses textes (souvent à tendance comique), très à la française, avec tout ce que cela implique.
L’album éponyme débute avec Deux poignards bleus. Même s’il est un peu moins connu ici qu’outre Atlantique, on comprend tout de suite qu’on a affaire à un auteur de «chanson française», qui sacrifie un peu la mélodie pour la poésie de ses textes. Les arrangements musicaux plutôt discrets et sobres sur cette chanson contribuent aussi à garder la voix d’Alain Chamfort au premier plan. Si on aime ce style musical et l’artiste en général, cela peut s’avérer intéressant; sinon, cette première chanson va en rebuter plusieurs.
Musicalement, cela devient déjà plus intéressant à la chanson d’amour Ensemble. La synthpop ajoute un certain dynamisme pour compenser avec la voix feutrée d’Alain Chamfort. Heureusement, il devient plus actif avec la sympathique L’amour n’est pas un sport individuel, le tout avec une petite morale (disons que le titre vend un peu la mèche). Cela se poursuit avec Joy, la pièce où le côté électro prend le plus le dessus : justement, on entend un peu d’autotune dans la voix à certains moments. Tout en étant la plus marquante musicalement, elle demeure une de celles où les paroles nous restent le moins en tête (sauf au refrain).
Que dire d’Argentine? Une instrumentation légère, avec cordes en pizzicato (puis dans la seconde moitié avec des harmonies vocales), qui sert à appuyer une série de jeux de mots avec des noms de villes à travers le monde. «Il reste encore bien quelques pucelles à Bruxelles / Quelques héros, tout de même, à Rio de Janeiro / Quelques poules à Riverpool / Quelques coqs à Bangkok». Bien que l’exercice semble ridicule à la première écoute, il est étrangement efficace et devient de plus en plus accrocheur à chaque écoute.
Un peu dans la même vague que L’amour n’est pas un sport individuel, On meurt se faire pédagogue en nous apprenant qu’«on meurt parce qu’on est vivant», le tout sur une musique à tendance enfantine. Il est suivi de Concours de circonstance, une histoire d’infidélité sur fond de pop ensoleillée. Autre chanson comique : Puis-je vous offrir?, où la musique électro groovy mettent de l’avant le sujet léger, mais pas tout à fait aussi accrocheur que les pistes de la première moitié de l’opus.
Où es-tu? permet d’entendre un duo avec Charlotte Rampling. Le sujet se prêtait bien au duo, mais le résultat est mitigé, avec un léger manque de mélodie qui se fait ressentir. L’album se finit avec l’aérienne Le diable est une blonde.
Si vous êtes familiers avec le background de l’artiste, vous aurez beaucoup plus de facilité à apprécier cet opus, somme toute léger et accessible, mais aussi très cliché dans ce registre. On a mis le paquet ici dans les textes, où on semble faire pleinement usage du second degré dans la plupart de des chansons. Si Alain Chamfort arrive à vous décrocher quelques sourires, il aura atteint son objectif. Cependant, cela peut prendre quelques écoutes pour arriver à saisir l’humour subtil du chanteur français. Voilà un album qui s’apprécie mieux au fil du temps.
À écouter : Argentine, On meurt, Le diable est une blonde
7,3/10
Par Olivier Dénommée