Brisons tout de suite le mythe : Les Bluebell Sisters ne sont pas exactement des sœurs, bien que la complicité du quintette donne l’impression qu’on entend une famille. Cela n’enlève rien au concept rétro très réussi qui nous ramène en plein dans les années 1950 en musique et en visuel : les charmantes demoiselles s’habillent en bleu et sont déjà réputées pour offrir toute une performance en live.
Ces musiciens viennent de différents horizons, mais ont vraisemblablement une passion en commun : l’énergique musique rétro, qui a marqué l’imaginaire notamment avec ses harmonies vocales. Dans ce premier album éponyme, vous allez en entendre beaucoup, vraiment beaucoup.
L’album ouvre avec Sweety Pie (Eddie Cochran), petite bombe rock’n’roll qui met bien en valeur les voix de quatre musiciennes et chanteuses, en particulier la frontwoman Lisa-Marie Jolin. Le concept est solide et très efficace, se répétant sur plusieurs pistes, principalement des reprises de musiques de l’ère rockabilly, doo-wop et rhythm and blues. Des chansons qui donnent définitivement envie de danser.
Après quelques pistes, on s’adoucit avec Blue Velvet (chantée aussi par Bobby Vinton et Tony Bennett). Une version féminine empreinte de sensualité. Cuando yo lo conocí nous transporte cette fois avec des rythmes latins, entraînants et ensoleillés.
Au milieu de ces covers, on retrouve une composition originale : Course à la mort (coécrite par Lisa-Marie Jolin et l’auteur-compositeur-interprète Maxime Auguste). Demeurant en plein dans l’esprit de l’album, celle-ci se fond aisément entre chansons qui datent de 60 ans. On y découvre aussi un côté plus léger au groupe, avec un sujet à tendance humoristique. Les back vocals ajoutent aussi à cette légèreté.
Petite intrusion vers le burlesque avec un sympathique arrangement de You Win Again (Hank Williams Sr), voire un clin d’œil au country avec Tennessee Waltz. Mention à Bop-a-Lena (enregistrée par Ronnie Self), qui se démarque parmi les pièces énergiques comme une qui donne irrésistiblement envie d’au moins taper du pied. Mention également à la dernière chanson, Aloa Au ia ‘Oe, seconde composition de l’album. Après un album chargé en énergie, on se repose dans un climat hawaïen. Sympathique comme finale.
Pour à peu près tout fan de la musiques des années 50, Les Bluebell Sisters visent aisément dans le mille, offrant une vigueur qui nous replonge dans les succès de cette décennies marquante. Cette musique restera intéressante pour un auditeur moins familier, mais probablement pas à long terme : bien que l’album contienne une belle variété, il sera plus difficile de garder l’attention de quelqu’un qui ne se sent pas déjà un peu nostalgique de cette époque musicale. Cela reste un moyen d’initier les jeunes générations à la musique de leurs grands-parents, avec un groupe jeune et rafraîchissant comme Les Bluebell Sisters qui semble avoir de l’énergie à revendre. Un premier album bien mûr, qui annonce, souhaitons-le, une suite encore plus solide. Quelques écoutes s’imposent.
À écouter : Cuando yo lo conocí, Bop-a-Lena, Aloa Au ia ‘Oe
8/10
Par Olivier Dénommée