Veil of Maya est de retour avec son cinquième album studio après avoir subi la perte du chanteur Brandon Butler au cours de l’année 2014. Le groupe originaire de Chicago a expliqué que les deux parties ne s’entendaient plus sur la direction musicale à prendre et que Butler avait alors quitté.
Matriarch vu par Isabelle Malenfant
Après avoir entendu l’album, on comprend rapidement pourquoi il y a eu des frictions. Le guitariste Marc Okubo, qui compose pratiquement toute la musique de la formation, a clairement voulu donner un son plus accessible sur cet opus que le deathcore auquel il nous a habitués durant toute la carrière du groupe. Première surprise : le registre vocal du nouveau chanteur, Lukas Magyar (de Arms of Empire). Celui-ci peut aller chercher des notes beaucoup plus hautes que Butler, qui performe plutôt dans le style guttural, mais surtout, il est capable de chanter clean, une première dans l’histoire du groupe. La guitare a d’ailleurs été fortement épurée afin de laisser plus de place à ce nouvel élément. Certains refrains se permettent même d’être accrocheurs, non sans rappeler certaines pièces du groupe Periphery. Il est a prévoir que ces changements seront peut-être mal accueillis par certains fans de longue date, le groupe étant reconnu pour sa guitare en avant-plan ultra rapide et technique (ces derniers devraient tout de même être comblés par Teleute). Par contre, il est certain que le style plus «accessible» (on parle quand même de métal ici) ira en conquérir de nouveaux.
L’album de 36 minutes ne réinvente pas la roue, ce qui n’est heureusement pas ce à quoi on s’attendait non plus. Les chansons savent malgré tout se distinguer les unes des autres, certaines d’entre elles beaucoup plus mémorables (comme Mikasa, ma préférée des 12 morceaux), mêlant mélodies et agressivité à la perfection. La section rythmique, composée de Sam Applebaum à la batterie et de Dan Hauser à la basse, se fait encore un grand plaisir de changer les temps en cours de route en démordant du fameux 4/4. La production très bien exécutée par Taylor Larson (Periphery, From First To Last, Darkest Hour), a su accompagner le groupe dans ce nouveau son. On a droit a quelques passages électro/ambiant, ce qui semble être la nouvelle norme dans pratiquement tous les albums de métal des cinq dernières années, le tout ne venant toutefois pas prendre le dessus sur les musiciens.
On a définitivement envie de réécouter Matriarch après l’avoir fait une première fois, ce qui est toujours le signe d’un bon album, mais on retiendra surtout que le groupe a su retomber sur ses pattes après la perte d’un membre aussi important que leur chanteur. Il sera intéressant de voir s’ils continueront dans cette nouvelle veine ou bien s’ils reviendront à leur ancien style beaucoup plus brutal dans le futur.
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Matriarch vu par Sacha Dürig
J’aime pas Veil of Maya. Je pourrais leur attribuer la même critique qu’à tous les groupes de deathcore que j’ai écoutés par le passé : c’est toujours la même chose! Cependant, Veil of Maya a récemment changé de chanteur et annoncé une nouvelle direction musicale. Puis, je suis tombé sur Mikasa, tiré de leur nouvel album Matriarch. J’ai beaucoup aimé et je me suis donc forgé des attentes sur cette nouvelle offrande du groupe américain.
Effectivement, en écoutant Matriarch, on sent que le groupe prend une nouvelle direction, surtout avec des pièces comme Mikasa ou Lisbeth. Pour la première fois, on peut entendre du chant clair et, effectivement, lorsqu’on est fan de VoM ou de deathcore plus en général, il y a de quoi déstabiliser. De mon côté, je trouve que ça permet à ce groupe de se renouveler plutôt que de tomber dans l’oubli avec des albums répétitifs et visant une niche assez restreinte.
Parlant de répétitivité, on dirait que le groupe n’a pas osé totalement se lancer dans cette nouvelle direction, et certaines chansons rappellent le vieux son de Veil of Maya, en particulier les deux premières, Nyu et Leeloo ou encore Phoenix. Paradoxalement, ces morceaux, ainsi que les autres passages plus djent ou deathcore sont les moins intéressants de l’album, de par leur répétitivité et leur manque d’originalité. Ce sentiment de déjà entendu qui fait rapidement oublier un chanson ou même un album.
Mon gros coup de cœur demeure sans contredit Mikasa, étant donné qu’elle m’a beaucoup rappelé le death mélodique des années 90. Le metalcore et, dans une moindre mesure, le deathcore ont toujours réclamé des influences de groupes comme In Flames ou At the Gates. Sur cette pièce, on sent clairement cette influence avec une version plus moderne et progressive de Slaughter of the Souls (issu de l’album Slaughter of the Souls d’At the Gates) ou de Food for the Gods (album Whoracle d’In Flames).
Bref, j’ai relativement apprécié cet album, en particulier les moments qui n’évoquent pas le vieux Veil of Maya qui se caractérise principalement par un deathcore plat et générique. Sinon, j’ai l’impression que ce groupe s’en va dans la bonne direction et aurait avantage à pousser plus loin dans cette direction. Et non, contrairement à ce que certaines critiques prétendent, ça ne ressemble pas à du Periphery.
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Selon Isabelle :
À écouter: Mikasa, Phoenix, Teleute
7,9/10
Selon Sacha :
À écouter: Ellie, Mikasa, Phoenix
7,5/10