Le rock’n’roll des années 1950 et 1960 ont eu, et continuent d’avoir, une grand influence pour bien des artistes actuels. Le quatuor Cherry Chérie de Montréal, assume non seulement cette influence, mais il se lance aussi dans la «méthode» de l’époque, avec un enregistrement analogique. De quoi pleinement donner le cachet de cette belle période, mais avec des paroles en français plus ambiguës.
Le premier album complet, J’entends la bête, ne prend pas de temps à nous replonger dans le passé. La pièce-titre, justement, rendre dans le tas avec une intro aux claviers, suivi d’une musique rapide qui donne envie de se déhancher. On se rendra vite compte que cette caractéristique sera celle qui reviendra dans à peu près tout l’album. Cherry Chérie baby, Aussitôt dit aussitôt fait (quoique chapeau aux solides passes de sax), Pandémonium… Tous ces titres reprennent une formule très similaire. Efficace, mais aussi répétitive.
On explore aussi des rythmes plus diversifiés : Marilou nous amène dans l’esprit des Beach Boys; Dépose tes fusils offre un rock’n’roll un peu plus lourd et grave.
Mention aussi à Interlude (ses tentacules), qui quitte pendant un peu moins d’une minute l’univers du rock’n’roll pour quelque chose de plus actuel et ambiant. Bref, mais plutôt rafraîchissant, qui donne le ton à la seconde moitié d’album. Laura conserve un fond rétro, mais se situe plutôt dans un registre plus indie-pop.
Par contre, cette autre direction ne reste guère : on retourne au good ol’ rock’n’roll avec Ponce Pilate, pour une chanson extrêmement accrocheuse au moins. Constat similaire pour l’énergie Bouge. Après quelques autres pistes mouvementées, on finit avec Cours, une espèce de berceuse où on abuse juste un peu trop du reverb. Cette finale, pleine de douceur, surprend agréablement et finit le tout sur une bonne note.
Pour son premier album, Cherry Chérie a misé sur un son confortable, familier. Si le son rock’n’roll des années 60 est très présent du début à la fin, cela n’empêche pas le band d’offrir quelques «surprises», surtout en seconde moitié d’album. Vous pourrez facilement apprécier l’album pour la nostalgie qu’il évoquera de cet âge d’or de la musique, moins pour la force des compositions. Même si celles-ci sont solides et bien réalisées, pourquoi apprivoiser du nouveau matériel alors qu’on a à portée de la main tous les grands classiques? L’album J’entends la bête est plein de qualités, mais ne réussira pas à détrôner les titres qui ont, après tout, résisté à l’épreuve du temps. Il mérite néanmoins quelques bonnes écoutes pour tout fan du genre.
À écouter : J’entends la bête, Marilou, Laura
7,6/10
Par Olivier Dénommée