Supermoon – Sophie Hunger

Sophie_Hunger_supermoon_coverSorti le 23 juin 2015

D’origine suisse, on ne se surprendra pas d’apprendre que l’auteure-compositrice-interprète chante aisément dans trois langues : français, anglais et allemand. Mais sur l’album Supermoon, son quatrième en carrière, cette variété est loin d’être limitée aux langues : elle offre une musique tellement éclectique qu’il serait gênant d’essayer de vraiment y coller un style. Certaines sources parlent de blues-pop-folk, mais c’est encore très réducteur de ce qu’elle a à offrir ici : une œuvre complexe, étrange, mais qui gagne à être écoutée.

La pièce-titre Supermoon offre certes un folk ambiant, où sa voix se fait fantomatique et intrigante. Malgré ses presque 4 minutes, on sent que cette pièce n’est en fait qu’une introduction à ce qui nous attend vraiment, qui n’a rien à voir avec un simple folk guitare-voix. C’est Mad Miles qui démarre vraiment l’album, avec la synthpop assez douce qu’elle nous envoie… jusqu’au refrain où le tout explose avec une mélodie accrocheuse et des rythmes dansants. Même le solo en seconde moitié de chanson, est vaguement agressant, mais réussit à être accrocheur quand même.

La basse de Love is Not the Answer, plus rock, est ce qui sort le plus dans la chanson, outre la voix de la chanteuse bien sûr. Le propos est aussi intéressant dans la mesure où Sophie Hunger dit exactement le contraire d’à peu près toutes les tounes d’amour où il y a de l’espoir. Le refrain est aussi efficace, quoiqu’un peu moins accrocheur que Mad Miles. Mais le sommet de la synthpop semble être atteint avec Superman Woman. Enjouée, ensoleillée, voire juste un peu sucrée : on se lance carrément dans un registre enfantin, caricatural. Et ça marche! Lorsqu’on arrive à la partie a capella, il est dur de résister à l’envie de chanter aussi…

On passe à l’allemand avec Die ganze Welt. Une chanson lente, aux rythmes presque sensuels. Aucune idée de quoi elle parle, mais on ferme les yeux et on savoure. Avec un peu de chance, elle n’a pas le même registre de sujets de Rammstein! Fathr, juste après, passera plutôt inaperçu; sa mélodie, peu accrocheuse, a laissé indifférent, malgré les arrangements plus audacieux.

Cela s’empire à The Age of Lavender, alors qu’on ne comprend pas trop où l’artiste cherche à nous amener. Une reprise de La chanson d’Helene, clichée chanson où elle dit carrément «Tu ne m’aimes plus», et où une voix masculine dit pourquoi avec des mots semi-poétiques, en fera sourciller quelques-uns dans cet album, avec raison : Love is Not the Answer avait un propos intéressant sur les tounes d’amour, mais son effort semble s’être gâché ici! (Et, hors sujet, suis-je le seul, en voyant le titre en général, qui pense à la Danse d’Hélène, le sommet du quétaine?) L’inquiétude nous prend alors : est-ce que Sophie Hunger a épuisé ses bonnes idées en première moitié d’album?

Cela prend le refrain de Craze, douce chanson folk, rappelant Supermoon en plus chantante, pour nous convaincre qu’il y a encore quelques bons éléments à entendre sur cet album, sans que ce titre figure parmi les plus accrocheurs de l’opus.

Heicho surprendra par son registre vocal : on y va avec des voix modifiées, principalement aigües et enfantines, le tout sur une musique légèrement tendue. Le fait que ce soit vraisemblablement en suisse-allemand rajoute au mystère de la chose. Cela nous amène à la finale, Queen Drifter. Une chanson à la mélodie étrangement très familière. Réussi, mais on a l’impression d’entendre n’importe quelle chanteuse pop, alors cela crée un sentiment mitigé.

Bien que la crainte ne soit pas complètement fondée, force est d’admettre que les meilleures compositions se retrouvent toutes en début de l’album, laissant dramatiquement sur leur faim tous ceux qui s’attendent à des compositions fortes jusqu’à la fin. Dommage pour ce déséquilibre, qui laisse un souvenir moins plus dilué d’un album qui contient, pourtant, du très, très bon matériel. L’écouter en lecture aléatoire pourrait vous rendre service ici.

À écouter : Mad Miles, Superman Woman, Heicho

7,3/10

Par Olivier Dénommée

(Modifié le 24 juin 2015)

3 commentaires sur « Supermoon – Sophie Hunger »

  1. Belle critique.
    Quelques précisions toutefois:
    La chanson d’Hélène est une reprise. L’originale était interprétée par Romy Schneider et Michel Piccoli. Dans la version de Sophie Hunger, la voix masculine est celle d’Éric Cantona.
    Heicho est chantée en Suisse-allemand.
    Fathr est partiellement en allemand? Ah bon?
    Et vous ne parlez pas de «We Are The Living».
    Dans le deuxième disque, présent dans la version Livre, il y a de beaux morceaux.
    Ciao, n

    1. Merci pour les précisions; n’ayant pas le livret sous le yeux, certaines infos pertinentes m’ont échappées.

  2. Belle critique.
    Quelques précisions toutefois:
    La chanson d’Hélène est une reprise. L’originale était interprétée par Romy Schneider et Michel Piccoli. Dans la version de Sophie Hunger, la voix masculine est celle d’Éric Cantona.
    Heicho est chantée en Suisse-allemand.
    Fathr est partiellement en allemand? Ah bon?
    Et vous ne parlez pas de «We Are The Living».
    Dans le deuxième disque, présent dans la version Livre, il y a de beaux morceaux.
    Ciao, n

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