Sorti le 23 mars 2015
Le rappeur Action Bronson a été au cœur de bien des débats ces dernières semaines, lui qui a vu son spectacle extérieur au festival NXNE de Toronto annulé. En effet, une pétition de plus de 38 000 noms demandant le retrait de ladite prestation a convaincu les organisateurs de relocaliser le spectacle dans une salle fermée. Pourquoi une pétition? Monsieur Bronson (parce que «Action» étant bien évidement son véritable prénom) a une (possiblement fâcheuse) habitude d’intégrer des thèmes sexuels dans ses paroles. Une de ses chansons se nomme Consensual Rape et a été considérée comme du «hate speech» par rapport aux femmes. Sur cette tranche d’actualité, attardons nous au dernier album de l’artiste.
J’étais assez enthousiaste face à la sortie de Mr. Wonderful. Il faut dire que l’un de ceux qui a enregistré, produit et mixé les pièces de l’album n’est nul autre que Statik Selektah, qui est selon moi l’un des meilleurs DJ dans le hip hop actuellement. J’ai par contre été déçue du produit final. L’album débute avec une solide instrumentation sur Brand New Car, pendant laquelle l’artiste nous raconte son mode de vie, qui en gros tourne autour de «coucher avec des femmes» et «manger des bols de céréales». Ça donne le ton pour le reste de l’album, puisque pratiquement toutes les chansons abordent une savante combinaison des thèmes suivants :
- Le sexe
- La nourriture
- La drogue
- Les voitures de luxe
La chanson Terry, qui bien évidement regroupe les quatre groupes cités plus haut, mérite une mention spéciale. Produite par Alchemist, il y a un feeling très «lay back» assez intéressant. Les beats, très différents sur chacune des chansons, sont tous hors pair. On a droit à des pièces très funk qui m’ont immanquablement fait bouger la tête. La pièce Only In America se permet même d’être assez rock. Le flow est très bien livré et s’adapte aux différents moods. Mon problème est plutôt par rapport aux thèmes très redondants et assez superficiels. Action Bronson n’a pas d’histoire à raconter par rapport à un passé troublé ou encore d’anecdotes de déboires avec la police. On parle ici d’un ancien chef cuisinier qui s’est mis au rap. J’irai jusqu’à affirmer que les couplets les plus intéressants sont ceux des artistes invités. Je me suis lassée assez rapidement d’entendre le clone vocal de Ghostface Killah raconter ses prouesses au lit, ce qui est peut-être l’une des motivations qui a poussé 38 000 personnes à signer la pétition mentionnée plus tôt. Il sera intéressant de voir comment les fans montréalais réagiront à sa prestation à Osheaga, prévue plus tard cet été.
À écouter: Terry, A Light In the Addict, Baby Blue, City Boy Blues
6/10
Par Isabelle Malenfant