Saar – H’Sao

cover_HsaoSorti le 10 juillet 2015

Venant du Tchad, les membres de H’Sao sont basés à Montréal, offrant une musique teintée des sonorités de leur pays d’origine, avec notamment des clins d’œil au jazz, au gospel, à la soul, au reggae, au RnB… Avec comme instrument premier leurs voix, le quatuor s’accompagne d’instrumentation légère : guitares, calebasse, percussions. Et c’est bien suffisant pour transmettre son message.

Saar, le quatrième album des frères Rimtobaye et de leur ami Dono Bei L. a été annoncé comme le plus abouti du groupe. En tout cas, sa musique généralement épurée met pleinement de l’avant leurs harmonies vocales et les textes de leurs plusieurs compositions.

Ce sont d’ailleurs leurs prouesses harmoniques qui initient cet album sur la reprise chorale a capella de Alleluia (interlude). Bien que l’interprétation soit très belle, elle sera loin de représenter l’album, qui n’a pas fait de «virage religieux». Le vrai début se trouve alors dans Serré dans tes bras, au refrain berçant, accompagné simplement d’une guitare. On n’en a pas besoin de beaucoup pour apprécier une mélodie prenante, et cet exemple le représente très bien.

S’ensuit une version très intéressante du fameux Summertime de Gershwin, avec la participation de la soprano Marie-Josée Lord. Quand l’opéra rencontre une version acoustique, cela promet des surprises auditives. Notez que ce n’est la première fois que des Canadiens reprennent cette pièce mémorable cette année, comme Harry Manx a aussi offert une version, à la sauce indienne, sur album cet hiver.

L’album se poursuit avec une succession de pièces tantôt a capella, tantôt avec guitares. Parmi les compositions mémorables, on retient Minipa, une chanson rythmée fort réussie, qui prend par moments les allures de dialogue musical entre deux mélodies. Le solo de guitare à la fin, sans être aussi explosif qu’une chanson rock, est tout de même très rafraîchissant. L’engagée OGM aura aussi l’avantage d’avoir une accroche hyper simple à retenir : «OGM, oh j’aime pas». Besoin de Money, en grande partie a capella, offre une alternative intéressante aux nombreuses chansons qui parlent du manque d’argent pour bien vivre; on a en fait ici droit à une attaque en règle contre le capitalisme, mais sans nous plonger dans la déprime.

Amateurs de chansons plus douces, Sia vient répondre à ce besoin : une pièce lente, à tendance mélancolique, accompagnée d’une guitare. Fly débute aussi avec cette vibe un peu plaintive, qui se transporte vite un autre registre dès le premier refrain (presque gospel), puis tombe dans une ligne vocale qui rappelle presque la voix de Corneille par moments. On a même droit à une partie plus hip-hop à partie de la moitié. Lorsque les membres se partagent le lead, on a droit à cet éclectisme, qui se poursuit d’ailleurs sur Gomindi iko.

La finale, Tanda, où les membres se parlent et semblent se raconter des blagues, perd un peu la montée des titres précédents, qui étaient tous très accrocheurs. Comme le dernier titre reste souvent en tête à la fin de l’album, cela nous laisse une drôle d’impression. Mais c’était certainement assumé par le groupe.

H’Sao chante plusieurs de ses chansons dans un dialecte vraisemblablement local, mélangeant aussi français et anglais aux paroles. Si on n’arrive pas toujours à saisir chacun des textes du quatuor, on arrive bien souvent à comprendre la direction dans laquelle on nous envoie grâce au ton employé. Et même si la voix occupe une place prépondérance dans a musique de H’Sao, les paroles ne sont parfois qu’un prétexte pour se laisser porter par la mélodie.

Saar est un de ces albums qui nous rappellent qu’on peut faire beaucoup avec très peu. Le band montréalais offre, sur 11 titres, plusieurs mélodies très accrocheuses, aux arrangements minimalistes et précis à la fois. Il aurait seulement pu mieux choisir l’ordre de ses chansons pour mettre les titres plus mémorables à des moments-clés, afin de d’optimiser l’expérience auditive. Mais encore, en écoutant l’opus de façon aléatoire, on règle déjà en grande problème ce petit défaut.

À écouter : Serré dans tes bras, Fly, Gomindi iko

7,6/10

Par Olivier Dénommée

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s