Dans la même lignée du premier volet de cette série de disques (Douce musique de Chine (1), sorti un an plus tôt), le Chinois Hihai poursuit ses compositions ambiantes où il met de l’avant ses talents de flûtiste.
En un an, pour un artiste indépendant, les changements sont souvent minimes. Le côté MIDI s’entend encore, et les compositions de style new age sont toujours à l’honneur. Mais l’artiste ajoute à la variété musicale et il semble maîtriser de mieux en mieux ses outils pour diminuer les défauts de sa musique d’accompagnement.
Par exemple, sur Fleur de prunier, si ce n’était pas des percussions qui sont tout sauf humaines, on pourrait y croire pleinement : l’instrumentation est douce et envoûtante, le jeu de flûte est bien évidemment impeccable, et on nous rajoute même un solo de sax. Des voix sont aussi ajoutées; autre belle réussite. Par contre, La place du premier amour rappellera les ballades clichées qui pullulaient dans nos radios dans les années 1970 et 1980.
Hihai ramène des airs asiatiques avec, notamment, La chanteuse triste, Fleurs de jasmin et Les belles prairies qui m’ont vu naître. Ces airs rappellent bien sûr les origines du musicien, mais sont aussi parfaits en général pour créer une douceur exotique.
Parmi les surprises de l’album :
- Monologue offre quelque chose d’épique, malgré la douceur qui demeure. Tout est dans la mélodie et l’orchestration;
- Un commentaire similaire s’applique pour Pour qui?, qui offre une certaine «intensité tranquille», avec une belle portion avec des voix, qui semblent en revanche peu naturelles. Les percussions ne passent pas très bien dans le mix non plus, mais le mélodie est si inspirante qu’on arrive généralement à passer outre ces faiblesses techniques;
- Pluie de lilas offre un air juste un peu intriguant et très bien développé, mais qui devient un peu plus générique au fil du temps;
- Les guitares sur Montagnes dorées de Beijing ajoutent une touche rafraîchissante à la musique, en plus de la basse qu’on entend un peu mieux dans certaines portions. Simple, mais toujours fort agréable!;
- On sent un gros clin d’œil aux power ballade avec Tu me manques chaque jour, avec une montée somme toute réussie jusqu’à la fin;
- Les violons, avec le reste de l’instrumentation, apportent une intensité émotive à Regard au-delà de la lune. À en donner quelques frissons!;
- Clair de lune dans la ville a un ton extrêmement familier, rappelant les thèmes ambiants des jeux vidéo. Le solo de sax surprend aussi au milieu de la pièce.
En comparant au premier opus de la série, on sent déjà une certaine évolution, se traduisant par des arrangements plus variés. On retrouve évidemment beaucoup d’airs à consonance traditionnelle et de la «musique d’ascenseur», mais aussi des morceaux légèrement plus corsés. Hihai semble avoir pu améliorer sa banque de sons, lui permettant d’offrir une qualité déjà meilleure. On entend encore le MIDI sur plusieurs pistes, mais si on se laisse porter par la douceur de sa musique, on finit bien vite par s’en balancer.
À écouter : Monologue, Regard au-delà de la lune, Clair de lune dans la ville
7,4/10
Par Olivier Dénommée