Après une journée somme toute ordinaire (peu de groupes que j’avais réellement envie de voir vendredi), me voilà paré pour un samedi qui s’annonce épique, avec plusieurs bon groupes à l’affiche.
On commence sur la Scène de la Forêt avec le groupe de groove brutal québécois. Bien en forme et déterminés à botter des culs en ce début d’après-midi ensoleillé, les Montréalais n’ont laissé que peu de place au blabla, plaçant leur musique en prédominance. Alex Leblanc (qui fait également de la lutte et qui a participé à Heavy Mania vers 17, mais je l’ai manqué) nous a démontré tout son charisme, surtout lorsqu’il est allé se placer direct près de la foule (il était à deux centimètres de ma face, littéralement). Énergie, puissance, fougue, talent et surtout motivation, c’est ça que ça donne!
2-Deafheaven
De retour à la scène Heavy pour voir Deafheaven, un groupe dont le deuxième opus, Sunbather, m’avait agréablement surpris. Malheureusement, la surprise ne s’étendra pas tout au long du spectacle. Outre le récurrent problème de son, la prestation en tant que telle m’a déçu. Le groupe manquait d’énergie sur scène et les musiciens, en particulier le batteur, éprouvaient de la difficulté à suivre le tempo. Je parlais du batteur, c’est surtout parce qu’il maintenait difficilement les blasts beats sur le tempo, tellement que les autres se sont souvent tourné de son côté, ce qui n’est généralement pas bon signe. Seul George Clarke détonnait par rapport aux autres avec son style vestimentaire plus classy et une attitude de scène nettement différente de celle d’un chanteur métal traditionnel. Bref, pas mauvais comme spectacle, mais pas bon non plus.
Voilà ma surprise de la journée! Je ne m’attendais honnêtement pas à une si bonne performance de la part du sextet californien. Les pièces à saveur rock’n’roll se suivent et sont super entraînantes à écouter. Tout le groupe était en forme et affichait une belle joie de vivre et de jouer de la musique. Dommage que le public ne soit pas tant au rendez-vous! Ça a pris pas mal de temps avant que certains se mettent à danser, et encore c’est loin d’être la majorité de la foule relativement petite présente sur la scène Molson Canadian.
4-Lita Ford
Pauvre Lita, on est loin de la guitariste tout juste sortie des Runaways qui frappa le monde du glam métal dans les années 80. La guitare, elle la maîtrise toujours : ses solos sont impeccables et elle sait encore mener un groupe. Par contre, sa voix a décidément perdu de son charme! Ouf que c’était désagréable. Le pire, c’est que les premières notes du concert prévoyaient un bon spectacle, mais un effondrement (littéralement) d’une partie de la batterie a complètement saboté le reste de la performance et c’est dommage, car le batteur est très bon et nous l’a prouvé avec un super solo. Par contre, le reste du groupe ne semblait pas en phase avec Lita et les classiques comme Can’t Catch Me, Close My Eyes Forever et le hit Kiss Me Deadly furent tous des échecs.
5-Abbath
En voilà un qui était attendu de pied ferme à la scène Heavy! Tout de suite après la fin du spectacle de Lita Ford, on pouvait entendre scander le nom du chanteur et guitariste norvégien. La prestation a très mal commencé, alors que l’on entendait aucun instrument pendant la première pièce, sauf le drum non amplifié. Ça s’est redressé, mais Abbath s’est permis un petit commentaire à ce propos au micro : «The sound is shit». Mais en faisant abstraction de ces problèmes, le spectacle était magistral. Abbath sait décidément comment amuser une foule avec entre autres sa danse du crabe et autres mimiques comiques. La setlist mélangeant les deux projets principaux du guitariste, I et Immortal, a de toute évidence plu à la foule, qui a scandé son nom après la clôture de la prestation.
6-Gojira
Gojira est sans contredit un favori des métalleux au Québec. Dès les premières minutes de son concert sur la scène Heavy, il reçut un accueil chaleureux du public, qui n’attend que les pièces bien lourdes de son répertoire pour démarrer des mosh pits bien violents. Tout le répertoire du groupe a été visité pendant les 45 minutes qu’a duré sa prestation, même si l’accent a surtout été mis sur son album le plus acclamé, From Mars to Sirius, et de son dernier CD (qui date déjà de 2012), L’Enfant Sauvage. De plus, le fait de voir Joe Duplantier raconter en français à quel point il aime faire ce qu’il fait et à quel point Montréal est une belle ville pour venir jouer a certainement galvanisé la foule, qui ne se serait certainement pas plainte d’une prestation plus longue.
L’un des seuls groupes de thrash présents à cette édition du Heavy Montreal a débarqué à la scène Molson Canadian avec la ferme intention de nous livrer une leçon d’old school thrash. Et il nous l’a donné. À part les problèmes techniques qui ont encore une fois, moins que pendant Abbath cependant, terni la performance, on a eu droit à un spectacle agressif et exécuté d’une main de maître par Chuck Billy et sa bande. Le chanteur, très en forme, a beaucoup interagi avec le public pour l’encourager à le suivre et la foule a répondu positivement. Le seul hic en fin de spectacle est qu’il a fallu s’y prendre à trois reprises afin de démarrer le classique Disciples of the Watch en raison de problèmes avec l’ampli d’Eric Peterson. La troisième étant la bonne, le groupe a donc pu partir sur une bonne note alors que la foule en redemandait.
Voilà un groupe que j’avais hâte d’entendre, surtout pour la nostalgie et aussi du fait que je n’avais jamais eu l’occasion de voir la formation punk rock torontoise en spectacle jusqu’à maintenant. Même si, à part son dernier album, je n’ai pas écouté de Billy Talent depuis longtemps, je n’ai eu aucune difficulté à reconnaître Devil in a Midnight Mass comme pièce d’ouverture. Se sont enchaînées par la suite des pièces plus récentes et plus anciennes, le groupe arrivant à balancer des chansons de tout son répertoire ainsi que des interventions ponctuelles du chanteur Ben Kowalewicz. Je regrette cependant d’avoir dû manquer la moitié de leur prestation pour aller voir un autre groupe sur la Scène de la Forêt.
9-The Agonist
Un autre produit local qui fait de plus en plus sa marque dans la sphère métal, le groupe mélo-death/metalcore The Agonist est un sérieux candidat à la catégorie «aurait mérité une scène plus grosse». Sa musique mélangeant riffs agressifs et mélodies subtiles nous ont été livrés à point par des musiciens talentueux. À ceux qui doutent encore de la capacité de Vicky Psarakis à remplacer Alissa White-Gluz, laissez-moi vous dire que Vicky fait un travail plus qu’acceptable. Sa voix mielleuse et ses screams impeccables en font une excellente remplaçante. La plupart des pièces jouées étant tirées de son plus récent opus, Eye of Providence, le groupe montre qu’il prend une nouvelle direction avec leur nouvelle chanteuse en essayant de se détacher de l’étiquette de «l’ancien band de la chanteuse d’Arch Enemy» et avec succès pour l’instant.
10-Devin Townsend Project
Il se trouve facilement dans mon top trois des spectacles que j’attendais le plus. Devin Townsend est un excellent compositeur et guitariste en plus d’être un homme super énergique et comique sur scène. Présentant son spectacle comme étant «the nerdiest part of this festival» et lui-même comme étant l’homme qui n’a pas lavé son costume depuis trois mois, Devin Townsend débarque sur scène avec ses gros écouteurs et sa guitare parmi les plus belles que j’ai vues lors de ce festival et démarre avec Rejoice, de son dernier album Sky Blue. S’enchaînent ensuite des chansons d’Epicloud, un de ses autres albums précédents, ainsi que des Ziltoid, dont Sky Blue est officieusement la première partie du second opus. Le spectacle se poursuit ainsi pendant 45 trop courtes minutes dans lesquelles personne ne semble se tanner du super spectacle que nous offrent Devin et sa bande. J’en aurais pris volontiers plus!
11-Battlecross
Avant de commencer la ronde de fin de journée sur les scènes principales, on a droit a Battlecross, le groupe de thrash/death américain dont je profite en mangeant une délicieuse poutine aux côtes levées. Sans contredit, Battlecross sait livrer une performance à la hauteur de sa musique et, malgré le petit 30 minutes auxquels il avait droit en pleine heure de souper, a réussi à faire mosher la foule comme si c’était en plein après-midi. Le public répondait sans hésitation à sa musique avec de gros hochements de têtes et des circle pits autour des arbres, ce qui à ce moment était rendu une habitude d’assister pour les groupe jouant sur cette petite scène.
12-Iggy Pop
Voilà probablement le plus grand (on pourrait aussi dire le plus vieil) ovni présent sur la programmation du Heavy 2015. Sa musique, à mi-chemin entre le protopunk et le garage rock, a marqué des génération de mélomanes au courant des années 70, 80 et même 90. Pour ma part, je ne voyais qu’un vieux de 68 ans en bedaine sur la scène Heavy qui, avec ses mimiques dansantes parfois comiques, parfois étranges, arrivait à faire réagir une foule qui semblait en demander plus. De mon côté, malgré que je reconnaisse le côté accrocheur de sa musique, elle ne m’a pas particulièrement plu et m’a un peu fait regretter de ne pas être allé voir Dying Fetus à la place.
13-Faith No More
Faith No More a toujours assumé son rôle d’ovni dans la scène musicale, à la fois trop agressif pour la scène rock, mais aussi trop douce pour la scène métal. Il n’hésite pas à se servir de ce statut pour prendre les gens a contrepied. Ici, en tant que tête d’affiche d’un festival à la base de métal, il arrive avec une mise en scène toute blanche, des vêtements blancs, une scène recouverte de fleurs de toutes les couleurs et débute leur spectacle avec Motherfucker, qui n’est pas la pièce la plus agressive de son répertoire. Personnellement, Faith No More n’a jamais trop été mon truc et je repars donc après Epic, alors que la seule chanson que je souhaitais réellement entendre, From Out of Nowhere, a été jouée en second.
La suite et fin ici!