Sorti le 13 janvier 2015
Le nom Mark Ronson seul ne semble sonner que peu de cloches ici. Par contre, dès qu’on lui ajoute d’autres noms, comme Bruno Mars, tout s’éclaire. Mark Ronson fait à peu près l’équivalent de Pitbull, mais pour la musique funky, en s’alliant systématiquement avec des chanteurs connus.
En revanche, contrairement à Pitbull, lorsqu’on entend le fameux hit Uptown Funk, on ne pense pas à «la toune de Mark Ronson», mais plutôt celle de Bruno Mars, laissant vaguement l’artiste principal dans l’ombre.
Cela s’explique facilement par le fait que Ronson ne semble faire que des collaborations ou presque, s’entourant de noms plus grands que le sien, du moins aux yeux du grand public. Le producteur prolifique reste donc en second plan ici, mais offre, sur cet album, de solides lignes très funky en plus d’offrir une belle variété. L’album en soit est tellement éclectique dans ses styles et ses collaborations que même ma blonde qui sait plus que parfaitement que j’écoute en boucle un album avant de le critiquer m’a demandé à plusieurs reprises si j’avais changé de disque. C’est tout dire!
L’album Uptown Special, le quatrième de Ronson, est un peu considéré comme un hommage à Amy Winehouse (il lui est à tout le moins dédié). Cela se traduit par un album funky, léger, qui transpire les bonnes vibrations.
L’intro, Uptown’s First Finale, met de l’avant le légendaire Stevie Wonder à l’harmonica. Un début lent et pas nécessairement aussi happy que ce que nous promet l’album, qui se poursuit sur Summer Breaking. Une musique plutôt langoureuse, mais résolument à caractère rétro, avec Kevin Parker à la voix.
Ce n’est qu’à la troisième chanson que la réputation de l’opus se confirme. Ronson fait appel au rappeur Mystikal pour Feel Right, une chanson contagieusement accrocheuse. Même si Mystikal parle de «motherfuckas» et d’autres mots vulgaires aux trois secondes dans la chanson, tout passe comme dans du beurre et on apprécie le rythme entraînant. Il est rare que des paroles de ce registre ne me font pas grincer des dents, mais ici Mystikal pourrait dire absolument n’importe quoi que cela passera. Impressionnant!
Ce hit est immédiatement suivi de LA piste de l’album, Uptown Funk. Trois éléments font que la chanson a connu du succès : Bruno Mars, le côté dansant terriblement radiophonique, et la ligne de basse faite par des voix. Difficile de s’empêcher de tenter de la reproduire! Ironiquement, même si c’est la chanson qui sera la plus jouée de l’opus, elle n’est pas aussi forte que la précédente.
Après quelques chansons dirigées par des hommes, I Can’t Lose met de l’avant Keyone Starr avec un RnB efficace, mais pas aussi accrocheur que les précédents titres. Retour à la voix langoureuse de Kevin Parker sur Daffodils, cette fois avec plus de succès que Summer Breaking. Le fait qu’il y a eu des chansons plus upbeat avant justifie mieux cette «pause».
Crack In the Pearl fait office d’intro (encore une intro!) à In Case of Fire, chanson pop des années 1970 fort sympathique avec Jeff Bhasker à la voix. S’ensuit Leaving Los Feliz qui laisse une étrange impression… Certaines mélodies rappellent très vaguement le refrain de All the Young Dudes. Bien que la ressemblance s’arrête là comme le registre est complètement différent, cela déconcentre un peu l’écoute de la piste.
Andrew Wyatt fait un autre retour sur l’album, en chantant Heavy and Rolling. Dégoulinant le rétro, cette chanson va dans les moindres détails : une ligne de basse simple mais accrocheuse, une mélodie chantante, et des synthés utilisés de façon optimale. Le petit solo à la fin ne vient que confirmer le tout. Et contrairement au titre, cette chanson lente donne envie de claquer des doigts en hochant la tête. Cela aurait très bien pu clore l’opus, mais Mark Ronson tenait à ramener aussi Stevie Wonder pour une finale plus dansante de la pièce initiale, Crack In the Pearl, Pt. 2. Clin d’œil sympathique, mais tout à fait optionnel qui n’apporte que peu à l’album.
On s’attendait à quelque chose d’énergique et d’ensoleillé, et c’est à moitié ce qu’on a eu. On a droit à des titres très upbeat, accrocheurs et dansants, mais aussi beaucoup de pièces plus lentes, laissant place à un RnB plus sensuel. Cela donne un ensemble somme toute équilibré, mais pas aussi accrocheur que ce que les singles laissaient entendre. Aussi, quand on réalise que la meilleure chanson de l’opus répète «motherfucka» à outrance, cela remet les choses en perspective. Un bon album, avec quelques pièces très efficaces, mais qui n’a pas la même force à travers l’opus. Vous ne finirez probablement par n’écouter que deux ou trois chansons à quelques reprises, puis passer à un autre album estival.
À écouter : Feel Right, Uptown Funk, Heavy and Rolling
7,6/10
Par Olivier Dénommée