Sorti en 2004 / Réédition deluxe en août 2010
À ce jour, Solo Piano est l’album de Chilly Gonzales le plus vendu. Le prolifique artiste, qui a touché à pratiquement tout ce que la musique avait à offrir à un moment ou un autre de sa carrière, s’était lancé dans un album où il délaisse les sonorités électroniques et les raps comiques, pour se concentrer sur son véritable instrument. Pianiste de formation classique et jazz, mais avec une sensibilité pop, il s’est amusé en proposant 16 pistes où il n’a besoin que de ses deux mains pour faire voyager son public en musique.
Certains n’ont pas hésité à comparer Gonzales à Erik Satie. Il y a certes des ressemblances, un côté classique, mais sympathique à la fois. Cet album n’est pas tout à fait jazz, pas tout à fait classique non plus. Et on n’a pas besoin de se poser la question : on ne fait qu’apprécier les airs qu’il nous propose. Gogol démarre l’opus comme une force tranquille. S’il n’est pas clair tout de suite où on va, cela va se préciser au fil de l’écoute.
Des pièces berçantes comme la seconde piste, Manifesto, il y en aura plusieurs. Overnight (avec un petit côté bluesy), Armellodie (on se croirait dans une berceuse, mais ça marche), Carnivalse (une valse dramatique?), le discret Meischeid, The Tourist, Basmati ou CM Blues (un blues plus assumé). Il y a aussi quelques morceaux plus énergiques : Bermuda Triangle (on y sent une petite influence du Sud), Paristocrats et Salon Salloon (une touche cabaret ici).
Ces pistes s’écoutent toutes seules, et s’apprécient assez facilement. Mais certaines arrivent à sortir du lot. La première à vraiment rester en tête est Dot. Son énergie et sa mélodie forte sont assurément responsables de ce fait. Autre composition à retenir l’attention : Gentle Threat, à la mélodie plus discrète, mais qui offre une familiarité réconfortante. Notez que ce titre deviendra aussi le nom de sa maison de disques. Le sautillant Oregano, quant à lui, ne dure pas assez longtemps : on en redemanderait!
La finale de l’opus, One Note at a Time, débute avec un rythme constant, qui nous fait nous demander si on aura droit une pièce-concept où il n’y aura aucun accord (donc plus d’une note à la fois). Finalement il y en aura, mais on sent une direction dans cette composition, qui sera aussi un peu un aperçu pour son Solo Piano II, qui sortira quelques années plus tard.
Seize pistes en 40 minutes, voilà qui nous rappelle que Gonzales ne s’attarde que très peu sur ses compositions, ne dépassant qu’une fois le cap des 4 minutes pour une piste. Solo Piano est plus un exercice de style enregistré qu’un album commercial en tant que tel. C’est pourtant avec cet album qu’il s’est montré plus sérieux auprès de son public (malgré les jeux de mots dans les titres), et a montré qu’il est un musicien sérieux et versatile. Pourtant, Solo Piano n’offre que peu de titres qui resteront véritablement en tête. C’est surtout un album agréable à écouter en musique de fond, où à analyser comme musicien.
DVD bonus
La version deluxe de Solo Piano contient un DVD chargé d’environ 2h30 de contenus divers. Notamment, une masterclass et des extraits de spectacle. Cela permet d’apprécier davantage le côté entertainer de l’artiste, plus discret sur cet album que sur la plupart de ses autres opus. Pour ceux qui en doutaient, plusieurs extraits nous rappellent qu’ils se débrouille très bien en français, et qu’il a un sens de la répartie très fort. Une petite écoute légère (et qu’on peut faire en plusieurs fois) qui offre une vision simplifiée de la musique pour que même les néophytes puissent s’y retrouver.
À écouter : Dot, Gentle Threat, Oregano
7,8/10
Par Olivier Dénommée