Originaire de la région parisienne, le pianiste Simon Denizart est un Montréalais d’adoption depuis quelques années. Il apporte avec lui ses influences européennes au jazz qu’il offre en trio. Et qui dit jazz à l’européenne en trio pensera automatiquement à Esbjörn Svensson Trio; avec raison cette fois, puisque le groupe figure, avec Keith Jarrett et Tigran, parmi les inspirations du jeune trio. Inspirations très assumées, lorsqu’on entend la musique du premier opus du Simon Denizart Trio, Between Two Worlds.
Étant un fan avoué de E.S.T., mon écoute de cet album s’est vite transformée en moment de nostalgie. Bien que toutes les compositions soient signées Simon Denizart, on pourrait aisément glisser une ou deux pistes dans une liste de chansons du défunt trio et on peinerait à faire la différence. Les pistes No More Love et Louisette sont d’ailleurs les plus frappantes de l’opus.
Mettons de côté les ressemblances pour nous concentrer sur l’album en lui-même : on a droit à un opus jeune, moderne et extrêmement facile à apprécier. On reste résolument dans le jazz, mais on ajoute les ingrédients nécessaires à cette riche variété que cette musique nous offre. Le défi de tout groupe de jazz contemporain est de bien doser entre les différents styles pour arriver à faire sa marque. Rarement le résultat est aussi réussi du premier coup qu’avec cet album. D’autant plus qu’il n’y a aucune mauvaise piste, aucune expérimentation qu’on voudra sauter à chaque écoute.
La nostalgie que l’album créera chez plusieurs amoureux du jazz scandinave est aussi, en quelque sorte, sa faiblesse à long terme. Car je doute que le Simon Denizart Trio aspire à simplement devenir l’émule du groupe d’Esbjörn Svensson. Il devra donc arriver à se démarquer encore plus dans son jeu, sans s’empêcher de poursuivre dans la vague du jazz européen qui semble lui convenir à merveille. Un beau défi qui donnera l’occasion au trio de vraiment s’imposer comme formation jazz à suivre de près. Le potentiel est définitivement là.
À écouter : No More Love, If My Balcony Could Talk, No Regrets
8,3/10
Par Olivier Dénommée