Tout ce que Béatrice Martin, alias Cœur de pirate, touche devient de l’or. C’est du moins l’impression qu’on a. Ses deux précédents albums solos ont connu un succès immense, surtout Blonde. Elle a aussi fait la bande sonore d’une saison de Trauma, en plus de celle du jeu Child of Light, dans un registre très loin de ce qu’elle offre normalement. Alors, forcément, son troisième vrai album solo allait être solide. Bien que cela sonne comme un raccourci d’en arriver à cette conclusion, c’est loin d’être faux. Roses et du bonbon pour les oreilles, bien plus que ce que plusieurs fans pouvaient imaginer.
Cœur de pirate frappe fort dès les premières secondes : Carry On nous introduit à une musique à saveur plus électronique et plus sombre que les précédents succès de la blonde. Et mélodiquement, c’est tout aussi accrocheur, et peut-être même plus, que par le passé. On remarque qu’elle est passée à l’anglais : en fait, l’opus est bilingue, lui ouvrant les perspectives. Et force est d’admettre qu’elle chante très naturellement en anglais. À noter que la même chanson, mais en version française (Oublie-moi), se retrouvera en fin d’opus. Généralement, une version traduite perd de sa saveur et sonne forcé… mais pas ici.
Après Carry On, vient Crier tout bas, autre chef-d’œuvre à donner des frissons. Le refrain est, une fois de plus, particulièrement redoutable. Une mélodie forte, des synthés bien dosés et des cordes ajoutés au mix, que demander de plus?
C’est I Don’t Want to Break Your Heart qui nous ramène un peu sur terre. Elle comprend un featuring avec le rappeur Allan Kingdom qui ne semble pas naturel, mais qui témoigne de l’envie de Béatrice Martin de varier ses sonorités. Tant qu’elle n’emprunte pas trop souvent cette avenue, ça va!
L’album se poursuit avec l’électro conserve une place de choix au sein de l’instrumentation. Sans avoir une efficacité aussi grande que sur les deux premières pistes de Roses, on a droit à quelques moments de très belle musique. C’est réussi notamment dans le refrain de Drapeau blanc, dans Undone, dans Cast Away, dans The Way Back Home et surtout dans Tu oublieras mon nom, qui joue dans un registre qui nous rappelle les frissons de My Immortal de Evanescence, du moins dans la première minute.
Mention à Oceans Brawl, qui offre une chanson un peu plus longue et surtout plus complexe que ce à quoi la chanteuse nous a habitués. Dans le contexte de cet album, cette piste fait un peu figure de mouton noir, mais elle s’écoute tout de même très bien. Pas surprenant que plusieurs supporteurs de Cœur de pirate sur Bandcamp aient désigné cette chanson comme leur préférée de l’opus.
Il a été dit que l’artiste avait «modernisé» sa musique. Effectivement, on entend un bond énorme entre la sonorité de Blonde et celle de Roses, sorties séparées par quatre ans. Les fans déjà acquis peuvent sauter sur l’opus sans hésiter. Et même les réticents, mais qui ont une certaine ouverture sur la pop, devraient y prêter une oreille. De très, très belles choses s’y trouvent.
L’album Roses est disponible sur la page Bandcamp de Cœur de pirate.
À écouter : Crier tout bas, Tu oublieras mon nom, Oublie-moi (Carry On)
8,7/10
Par Olivier Dénommée