Le projet est encore jeune et tristement méconnu : les soirées Improphonie mélangent allègrement les improvisations théâtrales, mais sans les règles rigides, à la musique et au son, créant de sacrés beaux moments. Après un été sous le nom Impro MTS et une soirée de rodage la semaine précédente, le mardi 6 octobre y a été fort avec une première soirée officielle devant l’intime salle de l’Exit Bar et spectacles sur Saint-Denis.
Une soirée d’improvisation «trop» libre court toujours le risque de tomber dans le chaos. Ici, c’était tout le contraire : cinq improvisateurs solides, drôles, spontanés, qui ont rapidement développé une chimie entre eux. Si on m’avait dit que Reda Saoui, Mymi Lemieux, Jérôme Mouflin, Lissa Godin et, l’invité spécial de la soirée, Roberto Sierra, jouaient ensemble depuis 3 ans, j’y aurais cru sans hésiter. Ajoutons à cette équipe l’animatrice de la soirée, la fondatrice d’Improphonie Kim de Falc, ainsi que le Maxime Béliveau aux platines, complice des improvisateurs.
C’est fascinant de voir des gens, seuls ou en duos, arriver à créer une histoire simplement à partir d’un mot et d’une petite musique ambiante. On a eu droit à de très beaux moments de complicité, ainsi que de sacrés bons gags. En rafale, quelques lignes mémorables de la soirées :
- Se faire couper les cheveux par une tondeuse à gazon donne une «coupe de cheveux réinventée», permettant de faire un comeback comme Cher pour une artiste en déclin interprétée par Mymi Lemieux, qui pourra, en bonus, suivre une cure de désintox;
- Roberto Sierra qui doit chanter une chanson sur le thème «anal», sur une musique de Céline Dion. Il ne connaissait pas l’air, mais s’est débrouillé sans (trop) tomber dans le mauvais goût. On a même eu droit à quelques back vocals de ses comparses;
- «Je vais pas me cracher le cœur à chaque fois que tu fais des va-et-viens», a dit Mymi Lemieux dans un sketch où on assiste à un échange de cœurs… Notez que le changement de personnalité/sexe était récurant ce soir-là!;
- Reda Saoui qui a brillamment utilisé l’environnement pourtant minimaliste pour un sketch où il apparaît comme un monstre;
- Le clin d’œil anti-pédophile de Roberto Sierra, jouant un enfant s’adonnant au cannibalisme : «C’est pas parce que j’ai mangé Christian à matin que je veux manger autre chose…»
Dans le contexte, et dans l’ambiance de la soirée, plusieurs gags étaient à point et arrivaient à toucher le public. Dommage, celui-ci n’était pas aussi nombreux que ce que la salle permettait, car il y avait de très beaux moments d’improvisation, et le son ajouté apportait une autre dimension à l’exercice.
En passant, Improphonie se poursuit tous les mardis à L’Exit, dès 20h. L’entrée est 5$, mais si le niveau est aussi élevé que la dernière fois, c’est un cadeau que vous vous ferez en y allant! L’événement du 13 octobre se trouve ici.
(Photos : Olivier Dénommée)