Da Li – Yannick Rieu

cover_Yannick_Rieu_Di_Li_SONG003Sorti le 2 octobre 2015

Pour son nouveau projet, le saxophoniste de jazz Yannick Rieu ose l’improbable : mélanger le jazz à la culture traditionnelle chinoise. Il existe bien quelques artistes de jazz d’origine chinoise, mais cela reste extrêmement marginal. Rieu a joué à plusieurs reprises en Chine, s’inspirant de la culture là-bas, ce qui l’a amené à créer l’album Da Li.

Cet album offre une bonne dose de jazz moderne, rythmé et groovy, avec une pincée d’avant-garde et beaucoup d’inspirations chinoises. Tout est dans le dosage. Les premières secondes de China Voices, où on entend des voix crier, aura de quoi inquiéter du dosage. Quoi que huit secondes plus tard, la musique commence et nous rassure aussitôt. Une première minute qui nous transporte en Chine, puis après on revient abruptement en Occident. Ce genre de transition rapide ne sera pas rare à travers l’opus, et c’est essentiellement le type de voyage auquel Yannick Rieu et ses musiciens nous convient. La «cassure» entre les deux cultures est bien mise en évidence, mais la différence n’est certainement pas aussi intense que ce à quoi on pouvait s’attendre. Ces réflexions viennent alors que la première piste n’est pas encore terminée.

L’album se poursuit avec toujours une alternance entre éléments jazz et éléments traditionnels. Par exemple, Monsieur Yu inclut des voix , et un vamp (qui rappelle malgré nous U Can’t Touch This) une bonne partie de la première moitié de la pièce. On a aussi droit, entre les compositions de Rieu, à un agréable arrangement de Yimeng, une pièce traditionnelle chinoise. Pas besoin d’y aller dans l’intensité et la surprise à chaque fois; parfois les pièces les plus simples restent le plus dans la tête. Même commentaire pour Shift, qui se fait presque berçante. Mention aussi à toutes les ambiances explorées à travers les 10 minutes de La longue marche.

Il n’est pas rare qu’un album de jazz aussi élaboré prenne plusieurs écoutes avant d’être apprivoisé. Étrangement, celui-ci s’écoute relativement bien du premier coup. Il y a bien certains moments plus chargés que d’autres, mais l’ensemble est finalement assez amical pour l’oreille. Yannick Rieu réussit peut-être avec l’album Da Li à rejoindre deux publics : ceux qui aiment le jazz, et ceux qui aiment la culture asiatique. Décidément, une œuvre rafraîchissante qui mérite bien quelques écoutes.

À écouter : China Voices, Yimeng, Shift

8/10

Par Olivier Dénommée

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