Sorti le 31 mars 2008
Chilly Gonzales a surtout connu le succès pour ses albums Solo Piano, ainsi que pour sa composition Never Stop, popularisé grâce aux pubs de iPad. Ses fans le connaissent aussi comme un musicien extrêmement polyvalent, touchant à une variété impressionnante de styles. C’est justement le cas dans l’album Soft Power, paru en 2008, où il touche à la pop (surtout celle des années 80), au rap, au disco, au classique et au jazz… Bref, peu de styles demeurent intouchés par l’artiste.
Par contre, l’album est un peu négligé par l’histoire. Sa description sur le site officiel de Gonzales le résume ainsi : «The misunderstood masterpiece» (le chef-d’œuvre incompris).
Pourtant, il y a quelques compositions très intéressantes qui rappellent le talent du pianiste excentrique. À commencer par Working Together, une chanson accrocheuse et divertissante qui semble avoir plus de vrai dans le texte qu’il n’y paraît. Slow Down, juste après, y va d’un petit jazz d’ascenseur quétaine à souhait (Ce qui, dans ce cas, est un compliment. Remettons aussi en contexte que la pochette de carton est faite de paillettes).
Après un Theme from In-Between qui sert un peu d’interlude, on nous balance Unrequited Love dans la figure, chanson chargée de l’intensité d’une autre décennie. Ce genre de montagne russe musicale se produira, vous l’aurez deviné, à plus d’une reprise en écoutant l’opus.
Apology vaut aussi le détour pour son propos, en plus de Let’s Ride, qui donne déjà un avant-goût de l’album Ivory Tower, qui paraîtra deux ans plus tard. On a aussi droit à C Major, qui prend presque des airs spirituels. La finale de l’opus est une double chanson : Singing Something/Fortunately, Unfortunately. La première est Gonzales qui chante qu’il s’est fait surprendre à chanter seul dans une pièce où il aimait l’écho (grosso modo). L’expliquer est plus ou moins convainquant, mais l’exercice arrachera bien quelques sourires. La seconde y va dans la comédie sombre où l’artiste raconte une anecdote en haut et en bas qui implique un avion et une bombe.
Avec un album aussi éclectique, décrit comme kitsch par à peu près toute personne l’ayant écouté, pas surprenant que son succès soit demeuré marginal. En fait, si un prend l’album au premier degré, il semble manquer de ligne directrice, ce qui causera des sentiments partagés pour pratiquement n’importe quel auditeur qui pourra difficilement s’identifier au mood de Soft Power. Si on le voit plutôt comme un pastiche de tous ces styles, franchement maîtrisés par Chilly Gonzales, alors là c’est un exercice de style plus que réussi, avec l’humour qu’on lui connaît. Dommage, cela reste une oeuvre avec un fil conducteur moins clair que certaines de ses œuvres plus populaires.
Version deluxe
Il existe une version deluxe peu publicisée qui mérite mention. Celle-ci inclut trois pistes supplémentaires, pour concrètement deux chansons bonus (Fortunately, Unfortunately est séparée). Retrouvons donc remix de Slow Down, passant d’une musique d’ascenseur à de l’électro bourrée d’effets. Ce n’est pas meilleur que l’original, mais ça change vraiment le registre! Et finalement, Home Movies, une pièce au piano solo terminant le tout avec douceur. Toute montagne russe a une fin après tout.
À écouter : Working Together, Slow Down, Unrequited Love // Version deluxe : Home Movies
7,4/10
Par Olivier Dénommée