Présenté comme un «accident de salon», le groupe montréalais The New Dialect s’amuse dans les sonorités ouvertement expérimentales, sans être complètement abjectes pour l’oreille moyenne. Sa musique se situe dans une zone très grise, loin d’être facile à définir. Son second album, Convenients, offre un mélange étrange entre ces sonorités imprévisibles et de la musique d’ascenseur.
Justement, commençons l’album avec Meltdown Solitude I. De la musique sympathique, qui ne lève pas trop avec des sons de petit orgue, et des sons de guitare plus aléatoires en arrière-plan. Cette énergie particulière se poursuit avec Expectations, où s’ajoute une voix douce, presque timide.
Après quelques titres dans une même vibe, on passe à quelque chose de plus rock avec Daydreams. Le volume est mixé très bas, laissant toute la place à la voix, trop pleine de réverbération pour bien saisir ce qui est chanté.
Retour à la «musique d’ascenseur aux effets expérimentaux» avec d’autres titres, comme Venus VI puis Perséïdoflex II avec les ajouts vocaux d’Élise Lafontaine. Vient ensuite la chanson Pickle Jar, aux propos surprenants, rappelant les fillers de Tool, qui semblent bien souvent hors registre. Idem pour Meltdown Solitude II.
Respiratorio offre une pièce au registre folk planant, de façon instrumentale, puis vient déjà la finale, Ancient Polka Dots. Une dernière piste plus rythmée, un peu comme Daydreams mais en beaucoup mieux mixé. Le jeu de trompette, qu’on peut entendre un peu partout à travers l’opus, est particulièrement appréciable ici. Ajoutons les voix et les autres effets, et on arrive à une conclusion épique pour l’album Convenients.
En écoutant l’album, on a l’impression qu’on a droit à une drum machine tout le long ou presque. Il y a pourtant bel et bien un batteur sur l’album, Michel Dufour, pour recréer cette impression robotique. Chapeau pour l’effet, mais on se demande si ce n’était pas trop de trouble de mettre un vrai musicien pour faire la même chose qu’une machine?
L’album, au complet, ne dure même pas 30 minutes. On a droit à des pièces courtes, qui se suivent généralement bien, et qui arrivent à mettre juste assez de surprises pour qu’on se souvienne qu’il s’agit bien d’un groupe expérimental, et juste assez de confort pour qu’on ne passe pas immédiatement à autre chose. Cela reste un opus difficile d’approche, qui demandera d’être apprivoisé. Le mix entre musique douce et sons électroniques est bien sûr audacieuse, mais n’est pas ce qu’il y a de plus payant. Reste qu’il y a quelques idées très intéressantes ici, il faut bien le reconnaître.
L’album est disponible sur Bandcamp.
À écouter : Expectations, Respiratorio, Ancient Polka Dots
6,8/10
Par Olivier Dénommée