La collection The Rough Guide to offre des compilations spécialisées en musique du monde, proposant un survol éclectique, mais soigneusement sélectionné de la musique lié à un style musical ou à un pays. Comme le nom l’indique, The Rough Guide to Klezmer contient 65 minutes de musique liées à cette festive tradition juive, avec du vieux comme du neuf et des groupes de partout dans le monde.
Quand on pense à du klezmer, on pense généralement à une musique rapide et dansante, avec beaucoup de cuivres. Il y a effectivement de ça, mais la compilation va beaucoup plus loin. Dès la première chanson, Good Memory par Chava Alberstein, on y va d’une pièce plus modérées, presque sentimentale, chantée en yiddish. La musique qu’on associe au genre arrive dès la seconde moitié de la chanson, confirmant que l’on ne s’est pas trompé de disque!
Au fil de l’écoute, on réalise quelque chose de très drôle : certaines compositions, dans les arrangements, ressemblent comme deux gouttes d’eau à des œuvres des Cowboys Fringants. Pensons à Yosl Ber/A Patriot! Comme quoi même ceux qui disent ne pas connaître le klezmer en ont entendu un peu à la radio à un moment ou un autre.
Aussi, certaines pistes ressortiront du lot pour les (belles) surprises qu’elles renferment. Pensons aux très fortes influences jazz de Strogaya Epitalama [Strong Epithalamium] par Psoy Korolenko & Opa, ou encore sur l’intrumental entraînant de Nign October 19th, 2008 par Steven Greenman, et celui de The Spider Comes par Flying Burglars (d’ailleurs, l’araignée doit être assez énorme!). La version «klezmérisée» de Dance Me Till the End of Love de Leonard Cohen par Klezmania vaut aussi le détour!
Mention spéciale à un artiste québécois, Socalled, qui s’est taillé une place sur la compilation avec sa chanson Baleboste, représentant le surprenant mélange klezmer/hip hop.
Décidément, The Rough Guide to Klezmer vise droit dans le mille ici; quiconque veut se commencer une petite collection de musique festive juive doit absolument considérer cette compilation, offrant juste assez de classiques pour mettre l’auditeur dans le bain, et juste assez de pièces hybrides pour montrer les possibilités qu’offrent le style.
Bonus : Introducing Sukke
Il existe une version de la compilation qui contient un second disque, consacré à la musique d’un artiste du registre. Ici, on nous propose de découvrir Sukke, un groupe klezmer européen, en une quinzaine de titres.
La bonne nouvelle, c’est que cela allonge non seulement l’écoute de 55 minutes, mais qu’en plus les pièces qu’on y retrouve sont de haut calibre, offrant une sympathique diversité tout en restant dans le registre relativement «traditionnel» du klezmer. Mention particulière à la piste Mikhl Fait s’Assoir la Mariée. Une très belle addition pour une compilation déjà non loin d’être impeccable.
À écouter : Yosl Ber/A Patriot, Nign October 19th, 2008, Dance Me Till the End of Love
8,7/10
Par Olivier Dénommée