Son précédent album Solo Piano, paru à l’origine en 2004, avait montré que Chilly Gonzales pouvait aussi faire dans la musique sérieuse. Les années se sont écoulées, et les albums ont passé, touchant à tous les styles. Mais Gonzales a fait un retour au minimalisme à travers Solo Piano II, enregistré à Paris en une session d’une dizaine de jours. Le résultat? Quatorze nouvelles compositions, pour la plupart encore plus senties que celles de l’album iconique de 2004.
Dès les premières secondes, on sait qu’on aura droit à un excellent album : White Keys débute le tout avec une mélodie très simple et pourtant extrêmement efficace. S’enchaînent ensuite d’autres mélodies, aussi sympathiques les unes que les autres. On retiendra surtout la dansante Kenaston, Escher, la mélancolique Rideaux lunaires, l’intrigante Venetian Blinds, la très classique Evolving Doors, l’entraînante Othello, Train of Thoughts (qui rappellera vaguement Knights Move de l’album Ivory Tower au début), La bulle (qui se joue sur la pointe des pieds) ou encore Papa Gavotte, terminant l’album avec un petit piano-bar.
Ceci étant dit, bien que la majorité des pièces sont impeccables, certaines n’arrivent pas au même niveau. Par exemple, l’idée derrière Nero’s Nocturne et Epigram in E est intéressante, mais les pièces ne lèveront pas autant que les autres. C’est toujours dommage, mais rares sont les albums où 100% des pistes sont aussi parfaites!
Pour ceux qui ont un bon système de son, ils entendront immédiatement le bruit de fond, très présent sur les enregistrements, en plus des petits sons, généralement à la fin des pièces. Certains le feront comme un défaut; les autres, comme une preuve de l’authenticité de l’interprétation. À vous de voir!
Sur le site de l’artiste, il est mentionné en anglais que «Chilly Gonzales propose probablement son plus puissant argument» en parlant des 14 compositions de Solo Piano II. Force est d’admettre que cet opus n’a rien à envier aux autres chefs-d’œuvre d’albums jazz de piano en solo et qu’il surpasse aisément son prédécesseur. Seul Chambers, qui viendra trois ans plus tard, arrivera à frapper aussi fort. Bref, un album à posséder absolument pour tout amateur de musique au piano en général.
À écouter : White Keys, Rideaux lunaires, Othello
8,5/10
Par Olivier Dénommée