Associés aux Dead Obies et à Jam, les frères Gregory et David Beaudin ont lancé un projet avec leur père, le Jamaïcain Robin Kerr (de Uprising), reflétant leur réalité : de là est né Brown, groupe rap parlant du mélange des cultures, entre blanc et noir. Mais c’est aussi le mélange des langues, comme l’anglais et le français cohabitent à travers ce premier opus éponyme.
Le concept est plutôt audacieux : le rap parle encore très peu de la réalité des «Browns», les métis qui ne peuvent complètement s’associer à aucune culture. Les deux rappeurs s’en chargent donc, avec le paternel derrière, apportant souvent une touche plus traditionnelle à l’ensemble, y allant de mélodies plus reggae ou soul à l’occasion.
D’ailleurs, c’est sur la voix de Robin Kerr que l’album ouvre. «It’s a brown brown world», chante-t-il dans Brown, simplement accompagné de sa guitare, avant que ses enfants prennent le dessus avec une production plus urbaine, mais aussi plus lourde. La musique est d’ailleurs en grande partie signée par Jam.
Lorsque les frères Beaudin se font entendre, on a bien l’impression d’entendre un album de rap comme les autres. Gros beat, beaucoup de sacres et un peu de vulgarité. Que ce soit en anglais ou en français, ce rap «brun» n’est pas excessivement loin du rap noir, du moins musicalement. Les exemples affluent : Complexe, Brown Baby (la répétition de «Ton baby va être brun» est étrangement mémorable), Combien real (où les «nigga» affluent), Jeune vieux, Nwiggas, Black White, Me No Care, Parapluie et Début fin. C’est vraiment dans la thématique que cela diffère; encore, on parle d’expériences vécues et de la réalité de ce sous-groupe ethnique.
Quelques chansons sortent quand même du registre. Notamment Lady, laissant Robin Kerr s’exprimer avec sa voix suave et sa guitare avant de revenir au gros rap. Quant à Lonely, on se gâte avec un portion reggae à la toute fin, rappelant encore les origines du paternel.
Brown nous promet un voyage musical métissé; c’est partiellement vrai comme le thème du métissage est au cœur des chansons, mais musicalement on reste très, très près de la culture noire. Une musique plus «brown» aurait pu être intéressante aussi.
Lancement
Le lancement de l’album a eu lieu au Bleury en formule 5 à 7 le 22 janvier. La foule a abondamment répondu à l’appel, avec de nombreux fidèles qui faisaient la file à l’extérieur malgré le froid. Les artistes étaient particulièrement en forme sur la petite scène, bien qu’ils n’ont pas offert une longue performance – à peine une vingtaine de minutes. C’était assez pour donner un avant-goût du contenu de l’opus, quoiqu’on en aurait voulu davantage!
À écouter : Brown, Lonely, Parapluie
6,7/10
Par Olivier Dénommée