Le Gaspésien Guillaume Arsenault fait partie du paysage musical québécois depuis une quinzaine d’années. Celui qui a décidé de ne pas venir s’installer à Montréal se démarque tout de même avec une musique folk intimiste et sincère, aux sujets évoquant souvent la nature. Son cinquième album, De l’autre côté des montagnes, poursuit dans cette lignée, avec en prime quelques chansons aux arrangements plus touffus.
C’est la chanson-titre qui démarre l’opus. Le début nous offre un folk minimaliste : juste la guitare, puis la voix, intime, de Guillaume Arsenault. C’est vers le milieu de la piste que s’ajoutent d’autres instruments, des, sans rien enlever du ton feutré de la chanson.
J’aimerais pouvoir te parler change aussitôt de ton : on passe à quelque chose de plus chargé musicalement, accompagné d’une poésie mélangeant amour et gastronomie (pourquoi pas?). Notez qu’une version acoustique de cette même chanson apparaît vers la fin de l’album; cette dernière est beaucoup plus dépouillée musicalement, ce qui laisse toute la place pour les paroles. Deux versions d’une même chanson, qui ont chacune un focus complètement différent. Un autre texte imagé est celui de Dors comme une montagne, qui est d’ailleurs très bien servi par une brillante construction. L’utilisation des clarinettes et de l’ensemble à cordes ajoute une belle intensité qui donnera des frissons à plus d’un.
Après des premiers titres extrêmement forts, on a droit à une brève interlude instrumentale (Panorama), puis Limonade. Une chanson sympathique et chantante, mais qui n’a certainement pas la poigne des précédentes chansons. L’écoute se poursuit, et malgré quelques chansons intéressantes (comme Les jours de pluie et Le grand rapide) pratiquement aucune, sauf Rappelle-moi en milieu d’album, arrive au même niveau que les premières chansons de l’opus. On sent alors un léger déséquilibre, avec un début en lion, et une fin qui n’est pas tout à fait du même niveau.
Sinon, quelques mentions : la chanson Cavaliers fantômes dans le ciel, reprise d’une compo de Stan Jones, qui prend des airs de deux chansons des Cowboys fringants, tantôt La manifestation, tantôt L’expédition. Quant à Biscuits, on s’imagine bien Bernard Adamus chanter cette chanson.
Les principales forces de l’album De l’autre côté des montagnes sont autant dans les arrangements impeccables, autant dans les chansons minimalistes que celles plus chargées, et dans les textes, inspirés et inspirants. Les premières chansons ont été préparées avec soin, et à s’entend tout de suite. Le problème, c’est que cette efficacité ne semble pas constante, ce qui est la seule vraie faiblesse de l’opus. Cela reste, il faut l’admettre, un fichu beau travail que nous propose Guillaume Arsenault.
À écouter : J’aimerais pouvoir te parler, Dors comme une montagne, Rappelle-moi
7,8/10
Par Olivier Dénommée