Sorti le 10 juin 2016
Un an auparavant, Érik West Millette lançait un album appelé West Trainz. Il s’agissait en fait d’un collectif d’artistes qui voulaient bien entrer dans sa folle aventure de créer un album concept sur les voyages en train. Le résultat était assez spectaculaire, comme on avait droit à un imposant album sur deux disques avec un livre. La suite de cette aventure sort déjà, avec un projet plus modéré : on reprend des chansons qui ont pour thème les trains, et on fait appel à divers chanteurs pour leur donner vie. Le titre, Train Songs, résume ce à quoi on aura droit en 11 chansons.
Le premier West Trainz avait frappé très fort, avec des ambiances tellement variées et des styles extrêmement éclectiques. On sentait que c’était un travail de longue haleine qui avait été mené par West Millette et sa bande. Du coup, Train Songs paraît beaucoup moins audacieux.
C’est le classique Night Train qui donne le coup d’envoi, chanté par Willie West. Un version bluesy et plus chargée qui change de celle dont on se souvient dans, notamment, Retour vers le futur. On réalise vite que le blues et le jazz sont au cœur de l’album, et que l’instrumentation n’offre pas autant de surprises.
L’écoute se poursuit. On a droit à quelques très belles versions, comme celle de Number 9 Train (avec Jordan Officer), Hear My Train a Comin’ (avec Nanette Workman et Steve Hill), l’entraînante The Locomotion (avec Chic Gamine), Waiting at the Station (avec Willie West), The City of New Orleans (avec Zachary Richard), ou encore Nuages (avec Emilie-Claire Barlow), rendue avec tout la sensualité qu’on connaît à la chanteuse. Même la finale de l’album de 43 minutes, Hobo’s Lullaby, est inteprétée par Thomas Hellman, le choix parfait pour nous annoncer doucement que l’album se termine. En fait, à peu près toutes les chansons sont interprétées par les meilleurs chanteurs possibles. La seule exception semble Le train du nord, chantée par Bïa. Pas qu’elle n’a pas une belle voix, au contraire : le ton qu’on donne à la chanson de Félix Leclerc ne colle tout simplement pas au ton naturel de Bïa, au point où cette version semble presque forcée.
Mettons les choses au clair : l’album Train Songs est très bien fait, assumant pleinement son concept et contenant de très belles collaborations qui montrent le sérieux du projet. La faiblesse est la suivante : quiconque a écouté le premier West Trainz sentira que ce nouvel album ne pas aussi loin que ce qu’on aurait souhaité. En même temps, il aurait été difficile de refaire un album de cette envergure en seulement un an! Il demeure quand même une légère amertume pour bien des fans, ce qui fera en sorte que l’album pourra peut-être plus plaire aux amateurs de blues qu’à ceux qui connaissent déjà le collectif d’Érik West Millette.
À écouter : Hear My Train a Comin’, The Locomotion, The City of New Orleans
7,6/10
Par Olivier Dénommée