True Blue: 75 Years of Blue Note Records – Compilation

True Blue 75 YearsSorti le 27 mai 2014

Le label Blue Note est sans contredit un des plus importants joueurs de la scène jazz, ayant à la fois une longévité enviable et plusieurs artistes incontournables. Pour ses 75 ans d’existence en 2014, Blue Note a sorti une compilation de quatre disques, True Blue: 75 Years of Blue Note Records, mettant de l’avant ce que le label a de mieux à offrir à travers les années. Cela donne une compilation forte de 47 titres, totalisant non loin de cinq heures de jazz.

Déjà, admettons-le : quatre disques pour résumer 75 ans, ce n’est finalement pas beaucoup. On a parfaitement droit de s’attendre à la crème de la crème ici. Mieux encore, chaque disque semble avoir une certaine tendance, une ambiance propre, se démarquant des autres. Sans plus attendre, apprivoisons la compilation, disque par disque.

Disque 1

Herbie Hancock donne le coup d’envoi de ce disque aux tendances plus douces avec Cantaloupe Island. Choisir cette pièce en premier pour la compilation True Blue semble être douteux, comme ce n’est certainement pas son œuvre la plus mémorable, mais tout s’expliquera plus tard.

Viennent ensuite beaucoup de morceaux de bossa nova. Sur 12 titres, on en compte trois d’affilée (Blue Bossa, The Girl from Ipanema, Song for My Father)! Même si l’énergie générale du premier disque est assez modérée, on retrouve quand même quelques œuvres plus intenses. Pensons à Fungii Mama (par Blue Mitchell). Sinon, le disque renferme quelques classiques, comme Straight No Chaser par Thelonious Monk, Autumn Leaves par Cannonball Adderley ou encore Melody for C par Sonny Clark. Ce disque donne l’impression que Blue Note a mis de côté ses enregistrements corsés pour adresser la compilation à un public plus néophyte. Il y a un peu de cela, quoique la suite rentrera davantage au poste.

Disque 2

Cette fois, c’est John Coltrane qui inaugure le disque. Rassurez-vous, ce n’est pas Giant Steps qu’on nous balance aux oreilles! On a plutôt droit à Blue Train, un morceau un peu plus modéré, malgré les solos vertigineux du saxophoniste et la longueur de l’enregistrement. En général, le disque contient des grosses pointures du jazz, avec un peu plus d’intensité, mais pas trop non plus. C’est pourquoi on entend It Never Entered My Mind par Miles Davis, Dr. Macumba par Earl Klugh, Willow Weep for Me par Dexter Gordon, Decision par Sonny Rollins (pourtant pas la plus intéressante de son catalogue), ou encore Violets for Your Furs par Jutta Hipp et Zoot Sims. Les pièces qu’on retrouve ici sont généralement longues, ce qui explique qu’on retrouve seulement dix titres sur le disque.

Disque 3

Ce troisième disque débute simplement avec des classiques : Art Blakey démarre le tout avec Moanin’, suivi de Loie par Ike Quebec. Première surprise : Don’t Worry, Be Happy par Bobby McFerrin. La prochaine surprise sera le retour de Herbie Hancock, avec son fameux Maiden Voyage. Car oui, en 47 pistes, Blue Note se permet de faire revenir certains artistes plus d’une fois!

Difficile de dégager l’esprit de ce troisième disque, relativement éclectique. On peut quand même quelques très belles versions, comme celle de Blue Skies, de Messin’ Around et de What Is This Thing Called Love.

Disque 4

Déjà la dernier disque? La grosse voix de Gregory Porter nous y accueille sur No Love Dying. Le contemporain nous indique que cette dernière partie contiendra beaucoup d’œuvres très récentes du label. Cela n’empêche pas d’entendre du Paul Chambers ou du Lee Morgan, mais on se souviendra bien plus de End of the World Party par Medeski Martin + Wood, de Come Away with Me de Norah Jones et surtout de Cantaloop (Flip Fantasia) par Us3. Pour de dernier, on comprend finalement pourquoi Cantaloupe Island était en plein début!

Il demeure tout de même quelques exceptions : difficile de passer à côté de Witch Hunt par Wayne Shorter ou de Christo Redentor par Donald Byrd. Mention également à True Blue de Tina Brooks, qui a donné son nom à la compilation.

Alors que le reste de la compilation se concentrait essentiellement sur les gros noms des années 60, ce dernier disque ose nous donner une idée de ce que Blue Note sort dans les années 2000. On remarque aussi que les chansons vocales les plus intéressantes sont presque toutes dans ce dernier disque; Blue Note semble se rattraper sur le jazz vocal alors que le label concurrent Verve avait longtemps eu la majorité des grandes voix du jazz.

True Blue: 75 Years of Blue Note Records nous fait réaliser, si on ne le savait pas déjà, à quel point l’histoire du jazz est riche. La compilation offre un très bon départ pour quiconque s’initie au jazz, et pourra peut-être même faire découvrir quelques artistes à des habitués. Tout de même, on peut noter quelques faiblesses à la compilation : il est triste qu’il faille attendre aussi loin dans la compilation pour qu’on ait réellement droit à des surprises. Cela nous confirme que True Blue cherchait à élargir son public en adoucissant son contenu, quitte à perdre une énorme partie de son répertoire qui aurait mérité d’être représenté ici. Autre faiblesse : bien que la qualité des enregistrements reste relativement intéressante du début à la fin, on peut entendre assez facilement que certains n’ont pas bien été remasterisés. Dommage, car ça aurait été l’occasion de sortir des vieux enregistrements et les remettre à jour.

À écouter : Disque 1 : Fungii Mama, Melody for C   // Disque 2 : It Never Entered My Mind, Dr. Macumba // Disque 3 : Blue Skies, What Is This Thing Called Love // Disque 4 : No Love Dying, Christo Redentor

7,6/10

Par Olivier Dénommée

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