Sorti le 6 juillet 2016
Projet commun de Yann Coste et de Bertrand Dessoliers (tous deux membres du groupe rock No One is Innocent), Chut… porte bien son nom : sur des rythmes à saveur électronique tantôt doux, tantôt plus chargés, la ligne vocale est presque totalement chuchotée. Le mini-album Première fois nous fait découvrir une facette beaucoup plus discrète des deux artistes.
Les premiers instants de Pourquoi nous rappellent un peu les beats de St. Germain, rythmés mais pas envahissants. Les voix entre en scène peu après, avec très peu de mélodie, récitées sur un ton chuchoté. Ce sera la marque de commerce tout au long de l’opus de 23 minutes. Certaines chansons seront plus rythmées, comme Reste, qui contient quelques bonnes lignes de guitare et une belle montée dans le beat. Bien que les mélodies ne changent pas beaucoup pour les raisons évoquée plus haut, on arrive à faire un refrain intéressant ici.
Plus on avance dans le mini-album, plus la musique semble devenir intense. Dans Puisqu’il est encore temps, on peine à entendre la voix, qui n’est pas plus forte versus une musique qui l’est de plus en plus, avec en prime des cuivres dans les refrains. Cela demande une certaine concentration, mais on peut arriver à comprendre ce qui est «chanté» ici.
On s’adoucit enfin pour la chanson-titre Première fois, très berçante, qui convient cette fois à merveille à la voix et au registre des paroles. Cela n’empêche pas quelques lignes de trompette bien placées. Aisément la pièce-phase de ce EP. Reconnaissons quand même que La porte claque, juste après, arrive aussi à mettre à profit le côté confidentiel des chuchotements. Idem pour Au creux de ton oreille, quoiqu’on insiste un peu trop pour répéter «au creux de ton oreille» à chaque phrase ou presque.
Le concept derrière le band Chut… est intéressant, aucun doute là, mais le résultat n’est pas réussi sur toutes les pistes. Les morceaux un peu plus doux mettent mieux en valeur cette façon de chanter et la seconde moitié de l’opus semble plus adaptée, versus une première moitié un peu plus intense musicalement. Aussi, nul besoin de dire que c’est très «français» comme musique, mais cela ajoute au charme de la chose dans ce cas-ci. Ce mini-album pourra intéresser davantage ceux qui apprécient des mélodies très minimalistes, ou ceux pour qui les textes ont plus d’importance que leur rendu.
À écouter : Reste, Première fois
7,3/10
Par Olivier Dénommée