Sorti le 16 septembre 2016
Matt Herskowitz et John Roney sont deux pianistes très en vue sur la scène montréalaise, étant tous deux aussi à l’aise dans le jazz que dans le classique. Personne n’est surpris de voir leur collaboration sur le projet Piano Caméléons, parrainé par nul autre qu’Oliver Jones, où ils jouent le piano à queue côte-à-côte pour dialoguer avec les doigts sur des pièces généralement classiques qui prennent une tournure jazz. Le premier album, Piano Caméléons, vient donner une idée de ce que le duo virtuose a à nous offrir.
On débute avec du Bach : le fameux Prelude no. 2 in C minor, WTC book 1 frappe immédiatement l’imaginaire et on peut aisément entendre la dextérité des deux pianistes. Une fois que l’ambiance est bien mise, on se met à improviser joyeusement, mais avec bon goût. Si on l’écoutait distraitement, il serait probablement difficile de savoir quand commence et se termine vraiment la partie improvisée!
Règle générale, on prend un air connu de classique, pour y incorporer des éléments plus jazz. Mais on fait exception pour Blue Rondo à la Turk de Brubeck, un des morceaux de jazz les plus célèbres pour sa forme non conventionnelle, justement proche du classique. L’autre simili-exception sera Fascinatin’ Rhythm de Gershwin, déjà un heureux hybride entre les deux courants.
Le répertoire choisi dans l’enregistrement offre relativement peu de surprises : on a droit à une Nocturne archi-connue de Chopin (celle en mi bémol majeur), en version légèrement plus vertigineuse, surtout en avançant dans l’écoute de la piste; ajoutons le célèbre Clair de Lune de Debussy, qui prend vite une intensité surprenante; finalement, le trop connu Minuet in G major de Petzold (longtemps attribué à Bach!), que tout apprenti pianiste joue au début de son apprentissage. Reste, quand même, Étude in C minor de Chopin, qui est jouée en version particulièrement explosive par le duo.
Si on écoute l’album de façon distraite ou en musique de fond, on ne saisira pas l’essence du travail derrière Piano Caméléons. Il faut vraiment écouter l’album de façon très attentive et, de préférence, déjà assez bien connaître les pièces originales pour en apprécier ces variations plus jazzées. On dit qu’en spectacle, c’est extrêmement impressionnant de voir le dialogue des pianistes. Malheureusement, il est plus difficile de voir cette complicité musicale seulement sur album. L’expérience ne peut simplement pas être complète… Cela reste une sortie intéressante, mais espérons que s’il y a une suite, il y aura moyen de mieux profiter de l’expérience Piano Caméléons. Un DVD serait-il à considérer dans l’avenir? Pourquoi pas!
À écouter : Prelude no. 2 in C minor, WTC book 1, Fascinatin’ Rhythm, Étude in C minor
7,4/10
Par Olivier Dénommée