Sorti le 28 octobre 2016
Le groupe de disco-pop montréalais Le Couleur ne cesse de gagner en importance depuis son premier album lancé en 2010. Deux ans après Dolce Désir, un EP qui a énormément fait sensation, autant auprès du public que de la critique, le trio revient avec ce son très particulier de disco vintage avec des mélodies volontairement inspirées de celles de Sade : voici P.o.P.
On prend le temps de bien nous installer dans la groove rétro dès Nunca Será : les synthés sont, on s’y attendait, très présents, mais aussi des lignes de basse bien définies et une voix toujours envoûtante qui chante des mélodies finalement assez simples. Rien de surprenant ici, mais la formule a fait ses preuves et fonctionne à merveille. Ce n’est pas toujours accrocheur, comme nous le rappelle Underage, mais on a bien droit à quelques très beaux moments de nostalgie à la Todd Terje avec des chansons comme la chanson-titre P.O.P., la très inspirée Discolombo et le tandem Son naturel/L’amour le jour.
On a même droit à des morceaux instrumentaux (qui auraient presque pu être écrit par Chilly Gonzales dans une époque où lui-même baignait dans une variante disco) : La fuite de Barbara et la finale Encore.
Ironiquement, la chanson Starlite, premier single de l’album, réussit à se retrouver parmi les pistes les moins mémorables de tout l’album. On a l’impression que l’on perd du jus vers la fin de l’album, avec des titres qui n’arrivent pas à nous accrocher autant que ceux du début. Est-ce le trio qui a mal réparti ses meilleures compositions ou l’épuisement de l’engouement pour ce registre bien ficelé mais somme toute prévisible? Il y a peut-être un peu des deux ici. Copilote et Éclat n’aident pas à faire oublier ce creux dans l’album. Au moins, la finale sauve les meubles et permet de finir sans un trop gros arrière-goût.
Il n’est pas rare d’entendre des similitudes avec des chansons d’autres artistes. La plus frappante de l’opus est certainement Premier contact, qui est une espèce de version rétro d’une chanson de Foster the People avec le refrain qui rappelle drôlement Titanium de David Guetta. Une fois qu’on entend la ressemblance, impossible de ne plus l’entendre!
Le Couleur fait partie des étoiles montantes de la scène électro-pop québécoise, et avec raison : son potentiel est énorme et les musiciens ne manquent pas de talent. Par contre, ce premier long jeu depuis 2010 nous rappelle qu’il n’est pas facile de garder une qualité égale pendant trois quarts d’heure. Si le trio avait coupé quelques pistes, on aurait certainement affaire, une fois de plus, à un opus extrêmement fort. À la place, on a droit à un bon album dans l’esprit électro-disco-pop, avec ses hauts mais aussi ses bas, rendant le tout un peu inégal.
L’album est disponible pour écoute sur Bandcamp.
À écouter : Discolombo, Premier contact, L’amour le jour
7,3/10
Par Olivier Dénommée